Drakonycteris Ravel, 2016
publication ID |
https://doi.org/ 10.5252/g2016n3a3 |
publication LSID |
urn:lsid:zoobank.org:pub:FC07ACBE-03F7-414A-BB64-1BB0711766BF |
persistent identifier |
https://treatment.plazi.org/id/09F09515-C9FD-4B9F-B41C-E3B70D7FB572 |
taxon LSID |
lsid:zoobank.org:act:09F09515-C9FD-4B9F-B41C-E3B70D7FB572 |
treatment provided by |
Felipe |
scientific name |
Drakonycteris Ravel |
status |
gen. nov. |
Genre Drakonycteris Ravel , n. gen.
ESPÈCE TYPE. — Drakonycteris glibzegdouensis Ravel , n. sp.
ÉTYMOLOGIE. — Le nom de genre est la combinaison des mots grecs « drakon » (ΔΡΆκων) qui veut dire dragon et « nycteris » (ΝυχΤΕΡΊΔΕς) qui veut dire chauve-souris. Le nom du genre est une allusion au contexte général que dégage la découverte de ce chiroptère fossile sur le flanc de la butte du Glib Zegdou. De plus, il souligne la morphologie robuste mais originale du matériel dentaire qui lui est attribué.
DIAGNOSE. — Comme celle de l’espèce type.
Drakonycteris glibzegdouensis Ravel , n. sp. ( Figs 23 View FIG , 24 View FIG ; Tableau 9)
HOLOTYPE. — Spécimen UM / HGL50-415 , M1 droite ( Figs 23B View FIG ; 24 B View FIG ).
MATÉRIEL EXAMINÉ. — UM /HGL50-416 (P3 droite; Figs 23C View FIG ; 24C View FIG ); UM /HGL50-414 (M2 droite; Fig.23A View FIG ; 24 A View FIG ); UM /HGL50- 417 (m1/2 gauche; Figs 23D View FIG ; 24 D View FIG ); UM /HGL50-418 ( Figs 23E View FIG ; 24 E View FIG ) et UM /HGL50-419 (m3s gauches; Fig. 24F View FIG ).
ÉTYMOLOGIE. — Le nom de l’espèce fait référence à la bute témoin du Glib zegdou, située dans les Gour Lazib, Algérie.
LOCALITÉ TYPE ET ÂGE. — Niveau HGL50 du Glib Zegdou, Éocène inférieur terminal-Éocène moyen basal, situé dans la région des Gour Lazib (Sahara, Hammada du Dra) en Algérie.
DIAGNOSE. — Chiroptère possédant une morphologie dentaire robuste avec cuspides puissants, crêtes acérées; une P3 massive et triangulaire munie d’un paracône très fort mais dépourvu de bassin; ectolophe de la M1 et de la M2 avec crêtes latérales subparallèles et à fort développement transversal, présence de deux mésostyles jumelés et accolés sur M1, cingulum buccal épais et continu, parastyle très réduit, talon développé dans le sens distolingual et ceinturé par un cingulum lingual discontinu; molaires inférieures pourvues d’un trigonide très étroit et d’un talonide très allongé.
DESCRIPTION
Le matériel qui est attribué à cette espèce est très pauvre mais présente des dimensions significativement plus grandes que celles des spécimens attribués à Pseudovespertiliavus parva Ravel n. gen., n. sp. (voir plus haut, Tableaux 6, 9).
La P3 possède trois racines dont deux en position buccale et une en position linguale ( Figs 23C View FIG ; 24C View FIG ). La couronne prend une forme triangulaire en vue occlusale, légèrement plus large que longue. La bordure linguodistale est légèrement creusée formant un lobe lingual partiellement individualisé. Le paracône est particulièrement massif et haut, constituant l’essentiel de la couronne. Son flanc lingual est pincé dans le sens mésiodistal. La face buccale est beaucoup moins étendue et moins bombée. La préparacrête est très courte et se connecte au cingulum à l’extrémité mésiale de la couronne. La postparacrête s’étend depuis l’apex du paracône vers la bordure distobuccale de la dent, au niveau d’un relief cuspidé initié par le cingulum. Une petite cuspide, située sur le cingulum, apparaît dans la région distolinguale. Le cingulum, d’épaisseur variable, est continu sur tout le contour de la couronne.
Les molaires supérieures ont un développement à dominante transversale, plus prononcé sur M2 ( Figs 23A View FIG ; 24 A View FIG ). Le bord buccal de M1 est très incliné mésiolingualement et possède un ectoflexus à peine décelable situé mésialement par rapport au mésostyle ( Figs 23B View FIG ; 24 B View FIG ). La bordure buccale est cernée par un épais cingulum qui effectue la jonction entre le parastyle et le métastyle. Le parastyle est très réduit et se résume à une petite inflexion buccomésiale de la préparacrête. Une profonde encoche est visible en dessous du parastyle permettant l’imbrication de l’extrémité distale de la postparacrête de P4 (cette dent étant inconnue). Le mésostyle est dédoublé sur M1. Les deux mésostyles sont jumelés et accolés, si bien qu’il n’y a pas d’encoche les séparant. Le mésostyle distal est le plus volumineux des deux. Il prolonge buccodistalement la prémétacrête. La M2 ne semble pas caractérisée par ce dédoublement du mésostyle; on retrouve à la place une large surface d’usure arrondie et continue. Le métastyle est semblable au parastyle en effectuant une petite flexion distobuccale tout en prolongeant la postmétacrête. Les crêtes de l’ectolophe sont subparallèles et étirées dans le sens de la largeur, conférant à l’ectolophe une forme en « W » peu ouverte. Le paracône et le métacône ont un volume équivalent. Ces deux cuspides, sur M1, se positionnent sur le même axe mésiobuccal alors que sur M2, le paracône est décalé lingualement par rapport au métacône. Le paralophe est visible à la base du paracône de UM/HGL50-414 ( Figs 23A View FIG ; 24 A View FIG ). Cette petite structure semble rejoindre la préprotocrête, mais une cassure à cet endroit ne permet pas de confirmer cette jonction. Le protocône domine en hauteur et en volume le paracône et le métacône. Il est déjeté vers la partie mésiale de la molaire mais conserve une position plus distale par rapport au paracône. Les deux molaires présentent une courte préprotocrête qui rejoint le précingulum étroit. La postprotocrête est plus longue et présente un tranchant qui s’accentue vers son extrémité distobuccale. Cette crête, très incurvée lingualement s’oriente vers la base linguale du métacône sans pour autant l’atteindre. Les molaires sont pourvues d’un talon arrondi et projeté distolingualement. Le cingulum lingual, d’épaisseur modérée, encercle la partie distolinguale du talon et remonte vers l’extrémité linguale du postcingulum. Sur M1, ces deux structures sont connectées pour ne former plus qu’un seul cingulum effectuant toute la bordure distale de la dent. Une portion du cingulum lingual, discontinue avec la partie postérieure, est visible à la base mésiolinguale du protocône.
Une seule m1/2 appartenant à cette espèce a été identifiée dans le matériel récolté au Glib Zegdou (UM/HGL50- 417; Figs23 D View FIG ; 24 D View FIG ). Cette molaire inférieure possède un trigonide très étroit et un talonide dont la longueur dépasse celle du trigonide. Le paraconide est la plus faible des trois cuspides constituant le trigonide. Le métaconide est plus robuste et droit par rapport au paraconide. Le protoconide, le plus volumineux des trois, présente un flanc fortement pincé mésiodistalement. Le talonide est altéré et sa structure ne peut pas être décrite avec précision. La partie distale de la molaire est plus basse que le trigonide mais leurs largeurs sont identiques. L’hypoconide est pincé mésiodistalement (pincement comparable à celui du protoconide). La cristide oblique, assez longue, semble rejoindre la base distale du trigonide au niveau de l’encoche entre le protoconide et le métaconide. Le cingulide bien qu’incomplet à cause de l’altération semble continu, encerclant toute la couronne à l’exception de la bordure linguale.
La troisième molaire inférieure est beaucoup plus réduite en taille que la m1/2 (environ deux fois plus petite; Figs23E View FIG ; 24E, F View FIG ; Tableau 8). Le trigonide est bien formé, présentant une morphologie proche de celle observée sur m1/2, avec cependant un paraconide plus effilé. La différence de longueur entre le trigonide et le talonide est beaucoup plus ténue sur m3. Le talonide est dépourvu d’hypoconulide. La postcristide fait la jonction directe entre l’entoconide très réduit et l’hypoconide. Le cingulide de ce type de dent montre une épaisseur homogène sur les bordures mésiale, buccale et distale de la couronne.
COMPARAISON ET DISCUSSION
Le développement transversal des molaires supérieures de Drakonycteris glibzegdouensis Ravel n. gen., n. sp. rappelle les formes primitives que l’on retrouve dans l’Éocène inférieur du Bassin de Paris, soit Icaronycteris menui et Archaeonycteris brailloni ( Russell et al. 1973) . De plus, la P3 de D. glibzegdouensis Ravel n. gen., n. sp. est massive, triradiculée, de forme triangulaire avec un lobe lingual de faible extension. Cependant, ce nouveau taxon du Glib Zegdou présente un ensemble de caractères qui l’écarte incontestablement des chiroptères basaux (comprenant Onychonycteridae , Icaronycteridae , Archaeonycteridae , Hassianycteridae et Palaeochiropterygidae ):
– l’aspect massif des couronnes dentaires;
– le bord buccal de M1 fortement incliné mésiodistalement; – la présence d’un très faible ectoflexus mésial au mésostyle (centrale et très profond chez les formes primitives, parfois double chez les Palaeochiropterygidae );
– le développement transversal de l’ectolophe et le parallélisme des crêtes;
– le mésostyle bien développé et projeté sur la bordure buccale; – le double mésostyle sur M1;
– la forte réduction du parastyle;
– la profonde encoche buccomésiale sous le parastyle; – la projection du talon;
– le cingulum lingual discontinu d’épaisseur modérée; – le trigonide très court mais large;
– l’élongation du talonide par rapport au trigonide.
La projection du talon des M1et M2 est un caractère généralisé au sein des formes rhinolophoïdes,emballonuroïdes et de certaines formes noctilionoïdes.La morphologie des molaires supérieures de Drakonycteris glibzegdouensis Ravel n. gen., n. sp. s’écarte significativement du grand ensemble des Rhinolophoidea par: – le développement de la P3;
– la forte inclinaison du bord buccal induit par le parastyle très lingual par rapport au métastyle;
– l’ectoflexus unique et peu profond;
– le resserrement mésiodistal du «W» de l’ectolophe;
– le double mésostyle présent sur M1;
– la forte réduction du parastyle;
– le protocône puissant;
– la compression mésiodistale du trigonide.
La forme du Glib Zegdou possède des caractères partagés avec les Emballonuridae qui sont également représentés dans la même localité avec Pseudovespertiliavus parva Ravel n. gen., n. sp. (voir plus haut):
– la présence d’une P3 (la P3 est présente et bien développée chez les formes fossiles telles que Vespertiliavus et Tachypteron Storch, Sigé & Habersetzer, 2002 , elle est cependant réduite ou absente chez les formes actuelles);
– l’inclinaison de la bordure buccale de M1;
– l’ectoflexus mésial;
– le développement transversal de l’ectolophe;
– l’ouverture distale de la protofosse;
– la compression du trigonide;
– la réduction des m3s.
Mais ces similitudes s’accompagnent de nombreuses différences qui ne permettent pas d’associer le taxon algérien avec l’ensemble emballonuroïde, notamment:
– l’élongation transversale des molaires supérieures;
– la forte réduction du parastyle;
– le double mésostyle sur M1;
– le parallélisme des crêtes de l’ectolophe;
–la simplicité du talon dépourvu de bassin et incliné lingualement; – le cingulum lingual discontinu;
– la largeur équivalente du trigonide et du talonide.
Le développement de P3, le double mésostyle, et la forte extension du talonide se retrouvent chez certains Noctilionoïdea insectivores.Cet ensemble,principalement sud-américain,présente de manière générale des caractères qui ne sont pas observés chez Drakonycteris Ravel , n. gen. Il s’agit notamment:
– du talon individualisé formant un lobe distolingual;
– de l’hypocône bien développé;
– de l’ectolophe ouvert;
– du double ectoflexus très prononcé et accentué par une forte projection buccale du mésostyle;
– du parastyle en crochet projeté mésialement;
– de la compression buccolinguale du protocône.
La projection linguodistale du talon ne paraît pas compatible avec une morphologie vespertilionoïde.Toutefois, Drakonycteris Ravel , n. gen. possède certaines similitudes avec cet ensemble de chiroptères:
– le développement transversal des molaires supérieures;
–l’orientation et l’étirement buccomésial des crêtes de l’ectolophe; – la simplicité de la partie linguale des molaires supérieures;
– la puissance du protocône;
– l’élongation du talonide.
La présence de deux mésostyles sur la M1 de Drakonycteris Ravel , n. gen. est une caractéristique des Philisidae ( Sigé 1985, 1991b; Sigé et al. 1994; Gunnell et al. 2008; Ravel et al. 2012, 2015). De plus, le taxon algérien partage avec les Philisidae une denture robuste dénotant une certaine puissance de l’appareil masticateur.Cependant, Drakonycteris Ravel , n. gen. diffère des Philisidae par le rapprochement et la réduction des mésostyles (séparés par une profonde encoche chez Philisis Sigé, 1985 et Witwatia Gunnell, Simmons & Seiffert, 2008 ), l’inclinaison du bord buccal de M1, l’absence d’une extension distobuccale de la prémétacrête, la forte réduction du parastyle, la profonde encoche mésiobuccale et la projection distolinguale du talon.
Drakonycteris Ravel , n. gen. présente une morphologie dentaire, particulièrement au niveau des molaires supérieures, combinant un ensemble de caractères inédits au sein des chiroptères ne permettant pas de statuer sur son rang familial. Il est possible que ce taxon reflète, à l’image des Philisidae , l’endémisme de certains chiroptères africains au cours du Paléogène.Cependant en l’absence de matériel plus complet l’attribution familiale reste en suspens. De plus, il est tout à fait possible que de nouvelles découvertes fossiles puissent confirmer la présence d’une nouvelle famille de chiroptère au Glib Zegdou.
Famille indét.
UM |
University of Marburg |
No known copyright restrictions apply. See Agosti, D., Egloff, W., 2009. Taxonomic information exchange and copyright: the Plazi approach. BMC Research Notes 2009, 2:53 for further explanation.
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