Sicyonia H. Milne Edwards, 1830

Crosnier, Alain, 2003, Sicyonia (Crustacea, Decapoda, Penaeoidea, Sicyoniidae) de l’Indo-ouest Pacifique, Zoosystema 25 (2), pp. 197-348 : 201-211

publication ID

https://doi.org/ 10.5281/zenodo.5394281

persistent identifier

https://treatment.plazi.org/id/03C12110-FFBF-FFBA-FD7C-FA39F1F8BD2B

treatment provided by

Marcus

scientific name

Sicyonia H. Milne Edwards, 1830
status

 

Genre Sicyonia H. Milne Edwards, 1830 View in CoL

Synonymie d’après Pérez Farfante & Kensley 1997:

Sicyonia H. Milne Edwards, 1830: 339 View in CoL . — de Haan 1849: 189. — Bate 1888: 292. — Holthuis 1952b: 339. — ICZN 1956: 45. — Burkenroad 1983: 282. — de Freitas 1984b: 2. — Pérez Farfante 1985: 1. — Pérez Farfante & Kensley 1997: 153.

Ischion Basis Processus distaux Processus distaux interne externe externe interne

Lobe Lobe Lobe

médian ventrolatéral dorsolatéral

Cancer View in CoL – Brünnich 1768: 102 [en partie].

Palaemon View in CoL – Olivier 1811: 664 [en partie].

Hippolyte View in CoL – de Haan 1844:pl. 45, figs 6, 9, 10 [en partie]. Ruvulus de Natale, 1850: 20 . Espèce type par monotypie, Sicyonia sculpta H. Milne Edwards, 1830 View in CoL (= Cancer carinatus Brünnich, 1768 ). Localité type: baie de Naples. Genre masculin.

Synhimantites Boeck, 1864: 189 . Espèce type par monotypie, Synhimantites typicus Boeck, 1864 View in CoL . Localité type: Norvège. Genre masculin.

Eusicyonia Stebbing, 1914: 25 View in CoL [nom de remplacement pour Sicyonia H. Milne Edwards, 1830 View in CoL ]. — Burkenroad 1934a: 70; 1934b: 116. — Kubo 1949: 437. — Barnard 1950: 635.

Bourrelet postérieur thoracique

ESPÈCE TYPE. — Sicyonia sculpta H. Milne Edwards, 1830 (= Cancer carinatus Brünnich, 1768: 102 ) par désignation subséquente par Desmarest (1858: 42).

LOCALITÉ TYPE. — Baie de Naples ( Italie).

DIAGNOSE. — Identique à celle de la famille.

On peut y ajouter:

– en ce qui concerne les pièces buccales: les mandibules avec un palpe de trois articles, dont le basal très petit est faiblement articulé avec le second; les premières maxilles dont l’endite basipodiale est bifide, les deux lobes ayant des longueurs voisines, tandis que l’endite coxopodiale, également bifide, a un lobe postérieur beaucoup plus court que l’antérieur; les premiers maxillipèdes avec un endopodite (flagelle) court (beaucoup plus court que l’exopodite) et ne présentant qu’une division; les deuxièmes maxillipèdes avec un mérus élargi, derrière lequel se replie le dactyle, pas d’exopodite et un long épipodite de deux articles plus ou moins foliacé, portant une volumineuse podobranchie; les troisièmes maxillipèdes sans fusion d’articles, sans exopodite, ni épipodite;

– en ce qui concerne les organes génitaux: les lobes latéraux du pétasma présentant des parties distales découpées en des processus interne et externe plus ou moins développés ( Fig. 2 View FIG ); la plaque thélycale lancéolée et très bien développée ( Fig. 3 View FIG ).

La répartition des branchies, épipodites et exopodites est indiquée dans le Tableau 1. La branchie rudimentaire du somite XIII consiste en une simple excroissance non divisée, en forme de gros poil conique.

Le lecteur, peu familiarisé avec les termes utilisés pour la description des crevettes, trouvera d’excellents schémas dans Pérez Farfante (1985: figs 1, 2).

CARACTÈRES SUSCEPTIBLES D’ ÊTRE UTILISÉS POUR DIFFÉRENCIER LES SICYONIA

De nombreux caractères ont été utilisés, malheureusement beaucoup d’entre eux sont variables, en particulier avec l’âge des spécimens. Nous les passons rapidement en revue.

– Nombre de dents postrostrales (en arrière du fond de l’orbite): variable à une unité près car la dernière dent (comptée à partir du bord postérieur de la carapace) est très souvent juste en arrière du fond de l’orbite mais, chez une même espèce, peut également se trouver juste en avant (et devenir dent rostrale).

Le nombre de ces dents peut varier de 2 à 6 et l’on peut donc en trouver, suivant les espèces: 2, 2 ou 3, 3, 3 ou 4, 4, 4 ou 5, 5 ou 6.

Pour pallier cet inconvénient, Burkenroad (1934a, b) a utilisé le nombre de dents en arrière de la dent hépatique qui est beaucoup plus constant. –Nombre de dents rostrales:varie bien évidemment comme les dents postrostrales (et de manière liée). – Dent dorsale sur le premier segment abdominal: cette dent est présente chez toutes les espèces (à l’exception de S. mixta du golfe de Californie) mais avec un développement plus ou moins grand. –Dent dorsale sur le deuxième segment abdominal: très variable suivant les espèces; elle peut être absente, représentée par un simple renflement, plus ou moins quadrangulaire, aiguë, et plus ou moins développée. Ce caractère est excellent car, chez une même espèce, il présente une grande constance. – Incision ou encoche ou échancrure sur le bord dorsal du deuxième segment abdominal: précédant juste la dent on observe souvent une découpe du bord dorsal qui peut être fine et refermée (les deux bords étant jointifs) ou bien plus ou moins large et profonde. Ce caractère semble bien constant chez une même espèce, mais il varie entre les espèces de manière souvent difficilement quantifiable. – Épine infra-orbitaire: absente ou présente mais alors petite ou très petite chez les espèces indo-ouest pacifiques.Là aussi on a des variations, en ce sens que parfois le lobe infra-orbitaire a un contour nettement angulaire (sans véritable épine) au lieu d’être arrondi. Chez la plupart des espèces américaines, il y a une forte épine infra-orbitaire.

– Basis et ischion des premiers péréiopodes: presque toujours avec une épine chez les espèces indo-ouest pacifiques (seules deux espèces en sont dépourvues). Sans épine chez la plupart des espèces américaines.

– Dent sur les pleurons des segments abdominaux 1-5: c’est là un caractère facile à observer et qui paraît séduisant. Malheureusement, il se révèle d’une crédibilité limitée car il change avec l’âge: un pleuron arrondi chez le jeune va devenir angulaire avec l’âge puis va porter une dent. Les comparaisons entre espèces impliquent qu’il s’agisse de vieux adultes et, en conséquence, l’utilisation de ce caractère, dans les clés, est limitée.

Parmi les espèces indo-ouest pacifiques, un groupe ( lancifer ) se caractérise par la présence, chez la plupart de ses espèces mais non toutes, d’une ou plusieurs fortes dents (ou épines) sur les cinq premiers pleurons abdominaux. Chez les autres Sicyonia indo-ouest pacifiques, les dents sont limitées à une, postéroventrale, par pleuron et ce seulement sur les pleurons 5 et plus rarement 4.

Pièces génitales – Thélycum: il fournit un bon caractère lorsqu’on se contente de considérer sa structure d’ensemble. Ceci dit, chez une même espèce, les proportions de la plaque thélycale semblent pouvoir varier de manière importante avec l’âge. – Pétasma: c’est bien évidemment l’un des meilleurs caractères car sa constance chez une même espèce semble très grande. On peut donc l’utiliser à la fois au niveau des groupes et au niveau des espèces (mais cela ne résout pas l’identification des femelles et, par ailleurs, laisse dans l’incertitude sur la place des espèces dont seules des femelles ont été récoltées).

Autres caractères

– Paire d’épines du sternite XI: la longueur de ces épines peut varier assez considérablement suivant les espèces. Elles sont courtes chez les espèces estpacifiques et peuvent être très longues chez certaines espèces atlantiques. Chez les espèces indo-ouest pacifiques, elles ne sont jamais très longues, presque toujours de longueur moyenne, parfois courtes; ce sont les espèces que nous avons rassemblées dans le groupe lancifer (voir plus loin) chez lesquelles elles sont le plus développées.

– Longueur du rostre: peut être intéressant mais il y a un dimorphisme sexuel (d’ailleurs habituel chez les Penaeoidea) et, chez une même espèce, le rostre des mâles est souvent un peu plus court que chez les femelles (et souvent moins recourbé). –Sillons abdominaux:chez les Sicyonia , il y a tout un réseau codifié de sillons sur les tergites et les pleurons ( Fig. 1D View FIG ). Certains d’entre eux peuvent être absents. L’ennui est que ces sillons se développent et se marquent de mieux en mieux avec l’âge, ce qui rend les comparaisons parfois peu faciles.

BREF HISTORIQUE

La famille des Sicyoniidae forme un assemblage monogénérique extrêmement homogène et le premier à avoir essayé d’y voir clair est Burkenroad, esprit d’une lucidité taxonomique remarquable, mais qui a été amené à interrompre ses recherches bien trop précocement.

En 1934, alors que 26 espèces de Sicyonia étaient connues: 13 de l’Indo-ouest Pacifique, une de l’Atlantique oriental et de la Méditerranée, cinq de l’Atlantique occidental et neuf du Pacifique Est (dont deux se trouvant également dans l’Atlantique occidental), Burkenroad estimait que le genre Sicyonia pouvait être divisé en deux groupes qu’il appelait Division I et Division II, se définissant comme suit.

Division I

Angle antennaire sans épine.Bord dorsal du deuxième segment abdominal avec une encoche. Carène dorsale du cinquième segment abdominal ne se terminant pas par une dent ou un angle aigu. Basis et ischion des premiers péréiopodes armés d’une épine.

Pour donner cette définition Burkenroad n’avait examiné que S. laevigata (Pacifique Est et Atlantique occidental), S. parri et S. disparri (Pacifique Est) , S. carinata (Atlantique oriental et Méditerranée) et S. ocellata (Indo-Pacifique) .

Burkenroad nommait l’ensemble de ces espèces « groupe carinata ».

Il ajoutait que, chez les espèces de ce groupe, il n’y a que deux, «barely» trois, dents en arrière du niveau de l’épine hépatique, que le sillon postéromédian du pleuron des deuxième et troisième segments abdominaux se recourbe antérieurement à son extrémité dorsale et est alors doublé dorsalement par une carène et, enfin, que les bords latéraux du pétasma présentent une profonde encoche.

Burkenroad reconnaissait toutefois, un peu plus loin, que les spécimens de S. ocellata qu’il avait pu examiner ne présentaient pas d’encoche sur les bords latéraux du pétasma (ce qui est effectivement le cas chez cette espèce).

Burkenroad mentionnait également qu’il semblait que toutes ou presque toutes les Sicyonia indopacifiques alors connues devaient être considérées comme appartenant à sa Division I, même si, reconnaissait-il, les descriptions et figures disponibles ne permettaient pas d’en être assuré. Il citait S. rectirostris , S. parvula , ànouveau S. ocellata , S. laevis , S.curvirostris et S.bispinosa comme devant être «more or less» des membres typiques du groupe carinata . D’un autre côté, poursuivait-il, S. cristata (mise dans le présent travail en synonymie avec S. lancifer ), S. furcata , S. japonicus et S. lancifer , bien que paraissant appartenir à la Division I par leurs caractères diagnostiques, se distinguent par la présence de trois, ou plus, dents postrostrales en arrière du niveau de l’épine hépatique. S. furcata , mentionnait Burkenroad, semble ressembler quelque peu à S. ocellata – ce qui est exact – et, comme elle, possède des carènes longitudinales qui doublent dorsalement la partie recourbée des sillons postéromédians des pleurons de l’abdomen, tandis que S. cristata , S. japonicus et S. lancifer semblent être des formes proches et ne pas posséder de carènes longitudinales doublant la partie antérieure des sillons postéromédians des pleurons abdominaux, ni d’encoche sur les bords latéraux des pétasmas – ce qui est exact.

Burkenroad ne donnait toutefois pas de nom à ce groupe d’espèces.

Division II

Angle antennaire armé avec une épine carénée. Bord dorsal du deuxième segment abdominal sans encoche. Carène dorsale du cinquième segment abdominal se terminant par une dent ou en angle aigu. Basis et ischion des premiers péréiopodes sans épine. Bords latéraux du pétasma sans encoche nette. Sillons postéromédians des pleurons de l’abdomen ne se prolongeant pas antérieurement pour former un relief avec une carène longitudinale.

Burkenroad mentionnait également que toutes les espèces possédant simultanément ces caractères avaient une distribution principalement ou totalement américaine.

Dans cette division, Burkenroad distinguait trois groupes:

1. le « groupe brevirostris »: avec trois ou quatre dents postrostrales en arrière de l’orbite, dont trois sont fortes et placées loin derrière l’orbite, comprenant S. brevirostris (Atlantique occidental et Est-Pacifique);

2. le « groupe edwardsi »: avec deux ou trois dents postrostrales en arrière de l’orbite, dont deux sont fortes et placées loin derrière l’orbite, comprenant S. edwardsi (Atlantique occidental), S. d i s e d w a r d s i et S. p e n i c i l l a t a (Est- Pacifique);

3. le « groupe affinis »: avec deux ou trois dents postrostrales en arrière de l’orbite, dont une est forte et placée en arrière du niveau de l’épine hépatique, comprenant S. affinis , S. aliaffinis , S. picta , S. disdorsalis , toutes du Pacifique Est, S. stimpsoni et S. dorsalis de l’Atlantique occidental.

Burkenroad a discuté certains des recouvrements existant entre les espèces classées dans l’une ou l’autre de ses deux divisions:

– concernant la carène longitudinale doublant la partie antérieure du sillon postéromédian des pleurons de l’abdomen, il remarque que si ce caractère n’existe pas chez toutes les espèces classées dans la Division I, elle s’observe par contre, légèrement marquée, chez S. affinis et S. aliaffinis classées dans la Division II;

– concernant l’encoche des bords latéraux du pétasma, il mentionne qu’elle n’existe que chez les espèces de la Division I mais manque chez plusieurs d’entre elles;

– concernant le nombre des dents postrostrales, il attire l’attention sur le fait que si leurs nombres se recoupent parfois entre les deux divisions, il n’y a pas d’espèce appartenant à la Division II possédant trois, ou plus, dents postrostrales en arrière du niveau de l’épine hépatique et que, par ailleurs, il n’y a pas d’espèce de la Division I, à l’exception de S. benthophila – encore mal connue, son pétasma est inconnu – qui ait moins de deux dents postrostrales en arrière du niveau de l’épine hépatique;

– concernant l’encoche du bord dorsal du deuxième segment abdominal, caractéristique en principe des espèces de la Division I, il constate qu’une échancrure large et peu profonde existe chez S. affinis , S. aliaffinis et S. edwardsi appartenant à la Division II, tandis que chez S. trispinosa et S. fallax appartenant à la Division I le bord est entier.

Force est donc de constater que, dès le départ, les propositions de Burkenroad se révélaient peu satisfaisantes (on ne peut d’ailleurs manquer de s’en étonner, connaissant l’acuité taxonomique habituelle de cet auteur). Avec la description de nouvelles espèces, de plus en plus nombreuses, il apparaissait à Burkenroad lui-même (1946) que la division des Sicyonia en deux grands groupes, telle qu’il l’avait proposée, ne pouvait être conservée.

Pérez Farfante (1985), qui a révisé les Sicyonia du Pacifique Est (12 espèces), est arrivée à la même conclusion et constate que les imbrications des caractères entre les différentes espèces ne permettent pas d’éclater valablement le genre Sicyonia en plusieurs genres ou sousgenres.

Actuellement on se trouve donc devant un genre comptant 52 espèces (31 de l’Indo-ouest Pacifique, 13 du Pacifique oriental, neuf de l’Atlantique occidental, deux de l’Atlantique oriental et de la Méditerrannée, deux de ces espèces, S. brevirostris et S. laevigata , se trouvant à la fois dans le Pacifique oriental et l’Atlantique occidental). La liste de ces 52 espèces est donnée dans le Tableau 2.

Indo-ouest Pacifique Pacifique oriental abathophila n. sp. affinis Faxon, 1893

adunca n. sp. aliaffinis (Burkenroad, 1934)

altirostrum View in CoL n. sp. brevirostris Stimpson, 1874 View in CoL

australiensis Hanamura & Wadley, 1998 View in CoL disdorsalis (Burkenroad, 1934) View in CoL

benthophila de Man, 1907 View in CoL disedwardsi (Burkenroad, 1934) View in CoL

bispinosa de Haan, 1844 View in CoL disparri (Burkenroad, 1934) View in CoL

curvirostris Balss, 1913 View in CoL ingentis ( Burkenroad, 1938) View in CoL

dejouanneti View in CoL n. sp. laevigata Stimpson, 1871 View in CoL

fallax de Man, 1907 View in CoL martini Pérez Farfante & Boothe, 1981 View in CoL

furcata Miers, 1878 View in CoL mixta Burkenroad, 1946 View in CoL

inflexa ( Kubo, 1949) View in CoL penicillata Lockington, 1879

japonica Balss, 1914 View in CoL picta Faxon, 1893 View in CoL

komai View in CoL n. sp.

laevis Bate, 1881 View in CoL

lancifer ( Olivier, 1811) Atlantique View in CoL oriental et Méditerranée longicauda Rathbun, 1906 View in CoL

longicornis View in CoL n. sp. brevirostris Stimpson, 1874 View in CoL

metavitulans View in CoL n. sp. carinata ( Brünnich, 1768) View in CoL

nasica Burukovsky, 1990 View in CoL galeata Holthuis, 1952 View in CoL

ocellata Stimpson, 1860 View in CoL

parafallax Crosnier, 1995 View in CoL

parajaponica View in CoL n. sp. Atlantique occidental parvula (de Haan, 1844) View in CoL

rectirostris de Man, 1907 View in CoL burkenroadi Cobb, 1971 View in CoL

robusta View in CoL n. sp. dorsalis Kingsley, 1878 View in CoL

rocroi View in CoL n. sp. laevigata Stimpson, 1871 View in CoL

rotunda View in CoL n. sp. olgae Pérez Farfante, 1980 View in CoL

taiwanensis View in CoL n. sp. parri (Burkenroad, 1934) View in CoL

trispinosa de Man, 1907 View in CoL stimpsoni Bouvier, 1905 View in CoL

truncata ( Kubo, 1949) View in CoL typica ( Boeck, 1864) View in CoL

vitulans ( Kubo, 1949) View in CoL wheeleri Gurney, 1943 View in CoL

ESSAI DE CLASSIFICATION EN GROUPES

DES SICYONIA INDO- OUEST PACIFIQUES

Si l’éclatement du genre Sicyonia pose des problèmes non résolus, il n’en demeure pas moins que des groupes d’espèces particulièrement proches les unes des autres apparaissent, alors que d’autres espèces, appartenant sans hésitation possible au genre Sicyonia , sont beaucoup plus difficiles à rapprocher d’autres espèces du genre.

Parmi les espèces de l’Indo-ouest Pacifique, 17 peuvent se classer de manière relativement satisfaisante en trois groupes ( lancifer , truncata , fallax ); 12 autres espèces sont plus difficiles à intégrer et se répartissent dans plusieurs petits groupes qui semblent, trop souvent, bien artificiels. Quant aux deux dernières espèces, elles présentent des caractères qui amènent à les laisser à part.

Sur ces bases on peut donc distinguer les assemblages suivants.

Groupe lancifer

– Plaque thélycale lancéolée, relativement peu élancée (L/l au plus égal à 2), dont les bords latéraux sont, dans leur partie postérieure, régulièrement arrondis (convexes) ou, le plus souvent, angulaires;

– pétasma avec des lobes ventrolatéraux ayant un processus distal externe non divisé (ou alors seulement par une faible échancrure): bords latéraux du pétasma faiblement sinueux et sans excroissance;

– dents postrostrales très fortes, couvrant toute la longueur du bord postrostral de la carapace, peu et presque toujours régulièrement espacées, au nombre de quatre à six dont au moins trois et le plus souvent quatre sont en arrière du niveau de l’épine hépatique;

– lobe infra-orbitaire à contour arrondi ou angulaire mais sans épine;

– bord dorsal du premier segment abdominal portant une forte dent massive, parfois peu aiguë; bord dorsal du deuxième segment portant une forte dent, jamais aiguë, très souvent réduite à l’état d’une forte excroissance angulaire, précédée d’une échancrure très nette;

– pleuron du cinquième segment abdominal, jamais arrondi postéroventralement, presque toujours avec une ou plusieurs dents aiguës (s’il n’y a pas de dent, un angle postéroventral marqué); autres pleurons abdominaux très souvent avec des dents aiguës;

– basis et ischion des premiers péréiopodes armés d’une épine;

– paire d’épines du sternite XI très bien développées.

Espèces incluses dans ce groupe: S. lancifer , S. japonica , S. parajaponica n. sp., S. furcata , S. ocellata .

Groupe truncata

– Plaque thélycale triangulaire;

– pétasma avec des lobes ventrolatéraux ayant un processus distal externe formé d’une partie antérieure en forme d’auvent plus ou moins arrondi et d’une partie inférieure en forme de doigt; bords latéraux du pétasma fortement sinueux et avec une excroissance en pointe très marquée;

– dents postrostrales presque toujours fines et aiguës, au nombre de deux en arrière du niveau de l’épine hépatique, au nombre de trois, exceptionnellement quatre, en arrière du fond de l’orbite: la première entre le tiers et les 4/10 environ de la longueur de la carapace, la troisième légèrement (ou parfois nettement) en arrière du fond de l’orbite, la seconde toujours largement séparée des précédentes et, le plus souvent, vers le milieu de l’espace les séparant;

– lobe infra-orbitaire à contour arrondi, rarement angulaire, sans épine;

– bord dorsal des premier et second segments abdominaux avec chacun une dent, le plus souvent fine et aiguë à l’exception de la dent du second segment chez S. curvirostris . Dent du second segment abdominal précédée d’une dépression faible ou d’une échancrure plus ou moins profonde;

– pleuron du cinquième segment abdominal avec un denticule postéroventral;

– basis et ischion des premiers péréiopodes armés d’une épine.

Espèces incluses dans ce groupe: S. truncata , S. nasica , S. australiensis (et formes rattachées provisoirement), S. curvirostris .

S. curvirostris se singularise un peu, dans ce groupe, par les dents postrostrales fortes et parfois au nombre de quatre, ainsi que par la dent dorsale du deuxième segment abdominal quadrangulaire et précédée d’une échancrure particulièrement profonde.

Groupe fallax

– Plaque thélycale lancéolée, élancée (L/l au moins égal à 2,4), dont les bords latéraux sont, dans leur partie postérieure, régulièrement arrondis (convexes), la convexité étant plus ou moins marquée (parfois faible);

– pétasma avec des lobes ventrolatéraux ayant un processus distal externe formé d’une partie antérieure plus ou moins en forme d’auvent et d’une partie inférieure au développement très variable: parfois en forme de doigt, parfois réduite à un simple denticule, parfois même absente; bords latéraux du pétasma plus ou moins sinueux, avec une excroissance en pointe parfois faible, parfois bien marquée;

– dents postrostrales presque toujours fines et aiguës, au nombre de trois (exceptionnellement deux lorsque la troisième passe un peu en avant du fond de l’orbite) dont deux sont en arrière du niveau de l’épine hépatique; la première implantée entre le tiers et les 4/10 de la longueur de la carapace; la troisième légèrement en arrière du fond de l’orbite (exceptionnellement un peu en avant), la seconde toujours largement séparée des précédentes et, le plus souvent, vers le milieu de l’espace les séparant; – lobe infra-orbitaire à contour souvent angulaire mais sans épine;

– bord dorsal du premier segment abdominal portant une forte dent plus ou moins aiguë; bord dorsal du deuxième segment sans dent véritable, soit sans aucune encoche, soit avec une faible dépression, soit avec une fine encoche peu profonde dont la partie postérieure se confond avec un léger rebond du bord dorsal, pouvant, à la limite, former une dent à contour arrondi;

– pleuron du cinquième segment abdominal à bord postéroventral soit arrondi, soit avec un denticule. Pleuron du quatrième segment abdominal toujours dépourvu de denticule;

– basis et ischion des premiers péréiopodes armés d’une épine.

Espèces incluses dans ce groupe: S. fallax , S. parafallax , S. inflexa , S. longicauda , S. longicornis n. sp., S. adunca n. sp., S. rocroi n. sp., S. taiwanensis n. sp. Le mâle de S. taiwanensis n. sp. n’étant pas connu, l’appartenance de cette espèce à ce groupe demeure hypothétique. On remarquera que cette espèce a un lobe infra-orbitaire à extrémité très pointue, contrairement aux autres espèces du groupe.

Groupe laevis

Par la forme et la disposition des dents postrostrales, la forme de la plaque thélycale, les espèces de ce groupe s’apparentent à celles du groupe fallax . Par le pétasma, elles se rapprocheraient plutôt du groupe truncata en ce qui concerne S. laevis (tout en conservant des analogies avec les pétasmas du groupe fallax ), tandis que S. rotunda n. sp., par le processus distal externe des lobes ventrolatéraux entier et arrondi, s’apparente plus au groupe fallax .

Les espèces de ce groupe se différencient de celles du groupe fallax par:

– le lobe infra-orbitaire se terminant par une petite épine infra-orbitaire non carénée;

– le bord dorsal du deuxième segment portant une dent aiguë, précédée par une large échancrure peu profonde;

– la plaque postérieure du thélycum présentant des lobes antérolatéraux assez étroits à bord externe peu convexe.

Espèces incluses dans ce groupe: S. laevis , S. rotunda n. sp.

Groupe dejouanneti

Par l’abdomen, le thélycum, et la plupart des caractères du pétasma, les espèces de ce groupe s’apparentent au groupe laevis .

Elles se caractérisent par:

– le rostre court et haut à sa base;

– trois ou plus souvent quatre dents postrostrales, régulièrement ou irrégulièrement espacées, dont deux ou trois sont en arrière du niveau de l’épine hépatique; – le lobe infra-orbitaire arrondi ou angulaire avec parfois un denticule;

– le processus distal externe des lobes ventrolatéraux du pétasma qui comporte une partie antérieure et une partie postérieure séparées par une très large concavité.

Espèces incluses dans ce groupe: S. dejouanneti n. sp., S. altirostrum n. sp.

Groupe vitulans

Ce groupe semble assez à part des précédents. Ses principaux caractères distinctifs sont:

– la plaque thélycale en forme de violon;

– le pétasma avec des lobes dorsolatéraux dont le processus distal interne est soit absent, soit rudimentaire et des lobes ventrolatéraux avec un processus distal externe dont les parties antérieure et postérieure sont également développées, peu séparées l’une de l’autre, l’ensemble ayant un aspect massif; bords latéraux du pétasma avec ou sans excroissance en forme de pointe;

– les dents postrostrales relativement massives, aiguës, au nombre de quatre, plus rarement trois, régulièrement espacées sur toute la longueur postrostrale de la carapace, dont trois sont en arrière du niveau de l’épine hépatique;

– le lobe infra-orbitaire arrondi, sans épine;

– le bord dorsal du premier segment abdominal portant une forte dent aiguë; le bord dorsal du second segment abdominal sans dent, ni encoche; – le pleuron du cinquième segment abdominal avec une épine;

– le basis et l’ischion des premiers péréiopodes armés d’une épine.

Espèces incluses dans ce groupe: S. vitulans , S. metavitulans n. sp., S. trispinosa .

Groupe rectirostris

Ce groupe se caractérise par:

– la plaque thélycale lancéolée, mais se prolongeant fortement en arrière, entre les lobes latéraux de la plaque postérieure du thélycum qui sont allongés; – le pétasma avec des lobes dorsolatéraux sans processus distal interne développé et avec, par contre, un processus distal externe en forme de corne, droite ou recourbée, bien ou même très développé; les lobes ventrolatéraux ont un processus distal externe arrondi, entier, parfois à peine développé; parfois aussi le processus distal externe comporte une partie antérieure arrondie avec une indentation et une partie postérieure en forme de lamelle; les bords latéraux du pétasma sont sinueux et sans excroissance dentiforme;

– les dents postrostrales de taille moyenne, aiguës, au nombre de deux ou trois et dont deux sont en arrière du niveau de l’épine hépatique;

– le lobe infra-orbitaire avec ou sans épine;

– le bord dorsal du premier segment abdominal portant une dent aiguë, forte; le bord dorsal du deuxième segment abdominal lisse ou avec une protubérance plus ou moins en forme de dent mousse, précédée ou non d’une encoche étroite, peu profonde;

– le pleuron des quatrième et cinquième segments abdominaux avec un denticule postéroventral;

– le basis et l’ischion des premiers péréiopodes armés d’une épine.

Espèces incluses dans ce groupe: S. rectirostris , S. parvula , S. bispinosa .

Groupe benthophila

Les espèces de ce groupe sont bien particulières parmi les espèces indo-ouest pacifiques car elles sont les seules à n’avoir qu’une seule dent postrostrale en arrière du niveau de l’épine hépatique. Par ailleurs elles se caractérisent par:

– la plaque thélycale régulièrement lancéolée;

– le bord dorsal du second segment abdominal sans dent, ni encoche;

– le lobe infra-orbitaire fortement angulaire;

– le pleuron du cinquième segment abdominal arrondi, sans denticule;

– le basis et l’ischion des premiers péréiopodes avec une épine;

Malheureusement les pétasmas des espèces de ce groupe sont inconnus et les affinités de ce groupe avec les autres ne peuvent guère être appréciées.

Espèces incluses dans ce groupe: S. benthophila , S. abathophila n. sp.

Espèces ne pouvant être intégrées dans aucun groupe Sicyonia robusta n. sp. Les adultes de cette espèce se caractérisent, au premier coup d’oeil, par le rostre court et la haute crête postrostrale qui s’étend sur la moitié antérieure de la carapace. Un autre caractère, unique, est fourni par le pétasma dont le processus distal externe des lobes dorsolatéraux a pris un grand développement en pointe et est entièrement recourbé vers la base du pétasma; par ailleurs les lobes ventrolatéraux sont dépourvus de processus distal.

Les autres caractères sont:

– la plaque thélycale faiblement lancéolée;

– les dents postrostrales au nombre de trois ou quatre dont deux ou trois sont en arrière du niveau de l’épine hépatique;

– le lobe infra-orbitaire sans épine;

– le bord dorsal du premier segment abdominal avec une forte dent aiguë; le bord du second avec une faible encoche dont la partie postérieure se confond avec un léger rebond arrondi du bord dorsal;

– le pleuron du cinquième segment abdominal avec un angle postéroventral ouvert, sans épine; – le basis et l’ischion des premiers péréiopodes sans épine.

Cette espèce présente quelques analogies avec S. rectirostris : forme de la carapace (à la crête postrostrale près), grand développement en pointe du processus distal externe des lobes dorsolatéraux et atrophie du processus distal des lobes ventrolatéraux, bords dorsaux des premier et second segments abdominaux, mais la plaque thélycale ne se prolonge pas en arrière entre les lobes latéraux de la plaque postérieure du thélycum.

Sicyonia komai n. sp. Cette espèce présente:

– une plaque thélycale lancéolée, relativement peu élancée (L/l égal à 2);

– un pétasma avec des lobes dorsolatéraux sans processus interne développé et avec un processus distal externe en forme de corne, assez court, renflé à sa base et recourbé vers l’avant; les lobes ventrolatéraux ont un processus distal externe bas, entier, arrondi, à peine saillant; les bords latéraux du pétasma sont sinueux et sans excroissance dentiforme;

– trois dents postrostrales dont deux sont en arrière du niveau de l’épine hépatique;

– un lobe infra-orbitaire angulaire mais sans épine; – le bord dorsal du premier segment abdominal avec une assez forte dent à extrémité fine et aiguë; le bord dorsal du second segment avec une dent encore plus fine, précédée d’une forte échancrure; – le pleuron du cinquième segment abdominal avec un denticule net;

– le basis et l’ischion des premiers péréiopodes sans épine.

Espèces de l’Atlantique, de la Méditerranée et du Pacifique oriental. Elles se classent assez aisément dans les grands groupe définis par Burkenroad.

On trouve:

– dans le groupe brevirostris : S. brevirostris (Pacifique oriental et Atlantique occidental) et S. olgae (Atlantique occidental);

– dans le groupe edwardsi (qui devrait être rebaptisé typica , S. edwardsi (Miers) ayant été mise en synonymie avec S. typica ( Boeck, 1864)) : S. typica (Atlantique occidental), S. aliaffinis , S. penecillata , S. disedwardsi (toutes trois du Pacifique oriental);

– dans le groupe affinis : S. affinis , S. disdorsalis , S. picta , S. ingentis , S. martini (toutes du Pacifique oriental) et S. stimpsoni , S. burkenroadi , S. dorsalis , S. wheeleri (toutes de l’Atlantique occidental);

– dans le groupe carinata : S. laevigata (Pacifique oriental et Atlantique occidental), S. disparri (Pacifique oriental), S. parri (Atlantique occidental), S. carinata (Atlantique oriental et Méditerranée), S. galeata (Atlantique oriental).

Une espèce, S. mixta Burkenroad, 1946 , se différencie de toutes les autres Sicyonia par l’absence d’une dent dorsale sur le premier segment abdominal.

CLÉ D’ IDENTIFICATION DES ESPÈCES DU GENRE SICYONIA H. MILNE EDWARDS, 1830 DE L’ INDO- OUEST PACIFIQUE

Alors que les pièces génitales font partie des meilleurs caractères distinctifs, nous ne les avons que très peu utilisées, car nous avons renoncé à établir deux clés distinctes, l’une pour les mâles, l’autre pour les femelles, ceci avec l’espoir qu’une clé unique soit d’un emploi plus facile.

Les caractères, très simples, que nous nous sommes efforcé d’employer, présentant parfois une certaine variabilité, plusieurs espèces apparaissent à plusieurs reprises dans la clé. Par ailleurs, quelques espèces n’étant connues que par un seul sexe, nous n’avons pu, à trois reprises, que donner des caractères distinctifs concernant uniquement ce sexe (cas de S. inflexa et S. longicornis n. sp., S. parafallax et S. adunca n. sp., S. benthophila et S. abathophila n. sp.).

Beaucoup d’espèces étant très proches, cette clé doit permettre une première approche qui doit être confirmée par, en particulier, l’examen des figures. C’est pour cette raison que de très nombreux renvois aux figures sont donnés.

Kingdom

Animalia

Phylum

Arthropoda

Class

Malacostraca

Order

Decapoda

Family

Sicyoniidae

Loc

Sicyonia H. Milne Edwards, 1830

Crosnier, Alain 2003
2003
Loc

Eusicyonia

BARNARD K. H. 1950: 635
KUBO I. 1949: 437
BURKENROAD M. D. 1934: 70
BURKENROAD M. D. 1934: 116
STEBBING T. R. R. 1914: 25
1914
Loc

Synhimantites

BOECK A. 1864: 189
1864
Loc

Hippolyte

NATALE G. & DE 1850: 20
1850
Loc

Sicyonia H. Milne Edwards, 1830: 339

PEREZ FARFANTE I. & KENSLEY B. 1997: 153
PEREZ FARFANTE I. 1985: 1
FREITAS A. J. & DE 1984: 2
BURKENROAD M. D. 1983: 282
ICZN 1956: 45
HOLTHUIS L. B. 1952: 339
BATE C. S. 1888: 292
HAAN W. & DE 1849: 189
MILNE EDWARDS H. 1830: 339
1830
Loc

Palaemon

OLIVIER A. G. 1811: 664
1811
Loc

Cancer

BRUNNICH M. T. 1768: 102
1768
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