Faugichthys loryi, Taverne & Chanet, 2000

Taverne, Louis & Chanet, Bruno, 2000, Faugichthys loryi n. gen., n. sp. (Teleostei, Ichthyodectiformes) de l’Albien terminal (Crétacé inférieur marin) du vallon de la Fauge (Isère, France) et considérations sur la phylogénie des Ichthyodectidae, Geodiversitas 22 (1), pp. 23-34 : 25-29

publication ID

https://doi.org/ 10.5281/zenodo.5378807

persistent identifier

https://treatment.plazi.org/id/03A587A0-FFA4-FFE1-FC85-1909FCE9FCDA

treatment provided by

Marcus

scientific name

Faugichthys loryi
status

sp. nov.

Faugichthys loryi n. sp.

HOLOTYPE ET SEUL EXEMPLAIRE. — MNHN CTE 1 , un neurocrâne auquel manque la région antérieure.

HORIZON ET LOCALITÉ. — Vraconien supérieur (Albien terminal, Crétacé inférieur marin) du vallon de la Fauge, au sud-est de Villard-de-Lans, dans l’Isère, France.

ÉTYMOLOGIE. — L’espèce est dédiée à Ch. Lory qui a découvert le gisement concerné.

DIAGNOSE. — Voir celle du genre (espèce unique).

OSTÉOLOGIE ( Figs 1 View FIG -4)

Le neurocrâne est moins élevé que chez les autres Ichthyodectidae . Le tassement vertical que la pièce a subi et la crête supraoccipitale perdue durant la fossilisation accentuent encore cette impression. La région mésethmoïdienne, l’ethmoïde latéral droit, les ethmo-palatins, le vomer et les parties les plus antérieures des frontaux, du pariétal et du parasphénoïde manquent.

L’ethmoïde latéral gauche, seul conservé, est massif, situé sous le bord latéral du frontal et sa face antérieure est creusée par la fosse olfactive.

Le toit crânien est formé par les frontaux, le pariétal, le supraoccipital, les ptérotiques et les épiotiques. Malgré l’absence du museau, la position de l’ethmoïde latéral permet de déduire que le neurocrâne était très large par rapport à sa longueur et cela surtout au niveau des frontaux. La largeur frontale maximale vaut 68 % de la longueur du neurocrâne calculée depuis l’extrémité antérieure de l’ethmoïde latéral jusqu’à l’extrémité postérieure du basioccipital. Ce rapport est moins élevé chez les autres genres d’Ichthyodectidae où il peut être calculé. C’est ainsi qu’il vaut 23 % chez Cladocyclus Agassiz, 1841 , 38 % chez Xiphactinus Leidy, 1870 , 42 % chez Ichthyodectes Cope, 1870 , 32 % chez Gillicus Hay, 1898 , 35 % chez Cooyoo Lees & Bartholomai, 1987 et 43 % chez Saurodon Hays, 1830 .

Les frontaux sont vastes et à peu près d’égale largeur sur toute leur longueur. Quelques traces d’un canal sensoriel supraorbitaire fermé sont visibles le long du bord externe du frontal gauche.

Les pariétaux sont fusionnés en un os impair médian de très grande taille, en forme de fer de lance, qui sépare les deux frontaux l’un de l’autre au moins jusqu’au niveau des ethmoïdes latéraux. Le pariétal envoie deux longs prolongements postérieurs qui encadrent le supraoccipital et rejoignent les épiotiques.

Le supraoccipital n’est que très partiellement conservé. Sa partie dorsale forme un triangle isocèle étroit et à sommet très pointu dont on peut observer la limite avec le pariétal mais la couche externe de l’os ainsi que sa crête médiane sont perdues. Le supraoccipital n’entre pas en contact avec le foramen magnum.

Les ptérotiques sont vastes. Ils se composent de deux parties, l’une dorsale, l’autre ventrale. L’aile dorsale de l’os forme le mur externe et le plafond des deux fosses temporales. L’aile ventrale, nettement plus petite et orientée horizontalement, rejoint le prootique juste au-dessus de la fossette articulaire pour l’hyomandibulaire et forme la partie postérieure de la longue dilatator fossa. Des traces d’un canal sensoriel postorbitaire (= otique) fermé se remarquent le long du bord externe du ptérotique gauche.

Seul l’épiotique (= épioccipital) gauche est partiellement préservé. C’est un petit os, peu allongé, qui surplombe l’entrée de la fosse temporale gauche mais sa partie ventrale, qui formait le bord interne de la fosse temporale, manque. La face dorsale de l’épiotique ne porte pas de crête contrairement aux autres Ichthyodectidae où une telle crête plus ou moins forte se marque dans toutes les espèces où l’épiotique est connu. Cette perte résulte probablement d’une cause fonctionnelle. En effet, le large toit crânien de Faugichthys loryi présente une vaste surface d’attache à la musculature épaxiale. En revanche, chez les autres Ichthyodectidae à crâne étroit, la présence d’une crête épioccipitale en plus de la crête supraoccipitale offre de meilleures possibilités d’attache à cette musculature.

Les os sphénoïdes sont de grande taille. L’orbitosphénoïde impair est allongé et entre en contact avec les ethmoïdes latéraux. Les pleurosphénoïdes surplombent un basisphénoïde massif dont le bélophragme épais s’appuie sur le parasphénoïde à un niveau nettement antérieur à celui du bord des prootiques. Le foramen du nerf trochléaire (IV) s’ouvre à la limite entre l’orbitosphénoïde et le pleurosphénoïde. Seules les portions moyenne et postérieures du parasphénoïde sont préservées mais fragmentées en plusieurs morceaux. L’os est large et édenté. Ses bords latéraux étant brisés, on ne peut observer ni les processus basiptérygoïdes ni les foramens des carotides internes.

Les sphénotiques (= autosphénotiques) sont petits et situés sous les frontaux qui les cachent complètement en vue dorsale, alors que les sphénotiques débordent des frontaux et s’observent aisément en vue dorsale chez les autres Ichthyo-

Bo

FIG. 2. — Faugichthys loryi n. gen., n. sp. A, B, crâne en vue ventrale (MNHN CTE 1). Abréviations: Bo, basioccipital; Exo, exoccipital; Fr, frontal; Ic, intercalaire; Leth, ethmoïde latéral; Osph, orbitosphénoïde; Pa, pariétal; Pro, prootique; Ps, parasphénoïde; Psph, pleurosphénoïde (= ptérosphénoïde); Pte, ptérotique; Sph, sphénotique (= autosphénotique); d.f., dilatator fossa; f. IV, foramen du nerf pathétique ou trochléaire (IV); f. V, foramen du nerf trijumeau (V); f. VII, foramen du truncus hyoideomandibularis du nerf facial (VII); f. IX, foramen du nerf glossopharyngien (IX); f. X, foramen du nerf vague (X); f. hyom., fossette articulaire pour l’hyomandibulaire; f.ol., fosse olfactive; f. pal. VII, foramen du ramus palatinus du nerf facial (VII); my, entrée du myodome postérieur. Échelle: 1 cm.

dectidae. Le sphénotique gauche, mieux conservé que le droit, montre une petite dépression située juste derrière un processus postorbitaire faiblement marqué et qui représente la partie la plus antérieure de la longue dilatator fossa.

Les prootiques sont très étendus. Le prootique droit montre clairement l’architecture de la chambre trigémino-faciale et de la pars jugularis. Le foramen du nerf trijumeau (V) s’ouvre sur le bord antérieur de l’os. Un deuxième foramen situé un peu plus bas et un peu plus en arrière que le premier sert à l’émergence du ramus palatinus du nerf facial (VII). Nettement plus en arrière et sur la face latérale de l’os, se perce le foramen du truncus hyoideomandibularis du nerf facial (VII). Une gouttière peu marquée s’étire vers l’arrière à partir de ce dernier foramen. Elle marque le passage de la veine jugulaire qui, plus en avant, pénétrait dans le foramen du nerf trijumeau (V) et ressortait par celui du nerf facial (VII), déterminant ainsi une pars jugularis allongée. La fossette articulaire neurocrânienne pour l’hyomandibulaire se creuse sur le prootique, à la limite du ptérotique, et s’étire antérieurement jusqu’au sphénotique. Prolongé vers l’avant, l’axe de cette fossette passe nettement en dessous de la région du museau. Il n’y a pas de fosse subtemporale creusée dans le prootique, contrairement au cas des autres Ichthyodectidae . Ventralement, à la limite antérieure des prootiques et au-dessus du parasphénoïde, on observe l’entrée du myodome postérieur impair. Ce

A

f. X

f.ol Leth myodome est dépourvu d’ouverture postérieure car le bord arrière du parasphénoïde demeure plaqué contre le basioccipital, sans laisser la place au moindre interstice.

Les exoccipitaux apparaissent sur la face ventrale du neurocrâne en arrière des prootiques et de part et d’autre du parasphénoïde. Chaque exoccipital est creusé dans cette région de deux foramens, un petit qui sert au nerf glossopharyngien (IX) et un grand par lequel émergent les branches du nerf vague (X). Les exoccipitaux se prolongent sur la face postérieure du neurocrâne où ils entourent dorsalement le foramen magum que le basioccipital limite ventralement. On ne distingue pas la suture entre les deux exoccipitaux au-dessus du formamen magnum car l’os est très abîmé dans cette région. Juste au-dessus du foramen magnum, chaque exoccipital est percé d’un petit foramen qu’emprunte un nerf occipital. Un tel foramen a déjà été décrit (Bardack 1965, fig. 19) chez

Epi f.m. Soc Exo

Sph

Pte

FIG. 4. — Faugichthys loryi n. gen. n. sp. Crâne en d.f. vue postérieure (MNHN CTE 1). Abréviations: Bo, basioccipital; Epi, épiotique (= épioccipital); Exo, exoccipital; Ic, intercalaire; Pa, pariétal; Pro, prootique; Ps, parasphénoïde; Pte, ptérotique; Soc, supraoccipital; Sph, sphénotique (= autosphénotique); d.f., dilatator fossa; f. IX, foramen du nerf glossopharyngien (IX); f. X, foramen du nerf vague (X); f. hyom., fossette articulaire pour l’hyomandibulaire; f.m., foramen magnum; f.t., fosse temporale (= post-temporale). Échelle: 1 cm.

l’Ichthyodectidae nord-américain Gillicus arcuatus (Cope, 1875) .

Les intercalaires paraissent étendus mais ne sont que très partiellement conservés. Contrairement au cas des autres Ichthyodectidae , l’intercalaire ne participe pas à la formation de la fossette articulaire pour l’hyomandibulaire. Cette régression de l’intercalaire est probablement liée à la disparition de la fosse subtemporale et du pont osseux prootico-intercalaire qui surplombe normalement cette fosse.

Le basioccipital a perdu sa partie la plus dorsale ainsi que son extrémité postérieure. Tel que préservé, il demeure extrêmement massif. Sa forte portion condylaire, quoiqu’incomplète, forme une très importante saillie en arrière du neurocrâne. De la sorte, seul le basioccipital réalise l’articulation avec le squelette axial, articulation dont les exoccipitaux sont exclus.

Les fosses temporales (= post-temporales) sont grandes et s’ouvrent tout entières sur la face arrière du neurocrâne, entre le ptérotique, l’épiotique, l’exoccipital et l’intercalaire. Elles sont nettement plus larges que hautes mais cet effet est probablement accentué par l’écrasement que la pièce a subi durant la fossilisation. Chez le fossile, le bord interne de l’ouverture de chaque fosse est délimité par le supraoccipital mais cela aussi n’est dû qu’aux aléas de la fossilisation et au fait que l’épiotique droit manque et que le gauche a perdu sa partie basale.

ET

East Texas State University

MNHN

Museum National d'Histoire Naturelle

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