Cicadetta cerdaniensis, Puissant & Boulard, 2000

Puissant, Stéphane & Boulard, Michel, 2000, Cicadetta cerdaniensis, espèce jumelle de Cicadetta montana décryptée par l’acoustique (Auchenorhyncha, Cicadidae, Tibicininae), Ecole Pratique des Hautes Etudes, Biologie et Evolution des Insectes 13, pp. 111-117 : 112-116

publication ID

https://doi.org/ 10.5281/zenodo.7082106

DOI

https://doi.org/10.5281/zenodo.7443088

persistent identifier

https://treatment.plazi.org/id/A71C87E4-247A-181F-3602-E62957D4FD33

treatment provided by

Tatiana

scientific name

Cicadetta cerdaniensis
status

 

A. - Description de Cicadetta cerdaniensis View in CoL n. sp.

Matériel examiné

Holotype mâle, 1-VII-2000, 1 paratype mâle, 22-Vl-2000 et 5 mâles porteurs d'aberrations plus ou moins marquées, 24 et 26.VI.2000 France, Pyrénées-Orientales (66), Cerdagne , 1350 m, Stéphane PUISSANT réc. et lég. Muséum national d'Histoire naturelle de Paris (Entomologie).

Habitus spécifique

Cicadetta cerdaniensis n. sp. est morphologiquement identique à Ctta montana ( Scopoli, 1772 ) même taille, même dominante noire dorsale, mêmes ceintures abdominales rouges. Le mésothorax porte deux toutes petites macules jaunâtres qui peuvent être plus ou moins obsolètes ou totalement absentes (comme chez Ctta montana ); 1a face venlfale de de l'abdomen comporte une bande longitudinale médiane noirâtre se rétressissant vers l'apex de ce dernier; aux homélytres, le tronc commun R + M et la nervure Cu1 sortent du même point angulaire de la cellule basale en une légère anastomose plus outmarquée selon les spécimens; huit cellules apicales; ailes postérieures à six cellules terminales. Les genitalia sont évidemment de type cicadettéen, de conformation très légèrement différente selon les spécimens, notamment au niveau des lobes postérieurs du pygophore (urite IX) et des crochets copulateurs du phallicophores (urite X), mais globalement fort semblables à ceux de Ctta montana (comme à ceux de Ctta fangoana, première espèce-sœur découverte; c_f. BOULARD, 1976).

Holotype mâle

Tête légèrement moins large que le mésonoturn; entièrement noire à l'exception du sillon sagittal en arrière ce des ocelles latéraux, la base du sillon médian du en postclypéus et les bords latéraux de ce derniers, bistre. Yeux composés brunâtres et saillants. Ocelles ocre, les latéraux légèrement plus rapprochés entre eux que de l`oeil voisin. Antennes et antéclypéus noirs. Premier article du rostre bistre, le deuxième, brunnoir latéralement, bistre ventro-dorsalement, le troisième noir avec une base ventrodorsale bistre. Extrémité du rostre atteignant l' insertion postérieure des hanches intermédiaires. Joues et lames mandibuaires noires, densément garnies de longues soies jaunes.

Thorax pronotum entièrement noir, y compris le liseré postérieur. Mésonotum noir également. Elévation cruciforrne noire dans sa partie antéro-médiane, les deux branches latéro-postérieures bistre; brides scutellaires mésonotales jaunâtres; gouttières mésonotales noires. Partie visible du métanotum jaunâtre de part et dautre d`une bande médiane noire. Métasternum noir bordé d'ocre; opercules, très éloignés entre eux, en large demi-lune noires marginées de jaune sur leur tiers apical.

Ailes antérieures hyalines, très légèrement enfumées comme chez montana, à huit cellules apicales; nervure médiane et cubitale quittant le même angle de la cellule basale en une légère anastomose; nervuration globalement ocre a bistre, mais noírâtre au niveau des cellules apicales. Ailes postérieures ayant six cellules terminales;

nervures ocre à bistre et plus ou moins soulignées de noir, la deuxième cubitale et la nervure ambiante noires; vannus à pourtour parcheminé de brun.

Pattes couleur partagée de noire et de jaunâtre. Pattes antérieures avec les hanches noires à l' exception de la carène latéro-externe, d'une plage latéro-transverse sur la face externe, d'une marge apicale de la face externe, bistre; trochanters noirs luisants, hormis leur bord postéro-externe, ainsi que leur base jaunes; fémurs très renflés, à carène noire portant trois épines noires, la basale allongée, acérée et nettement séparée des deux autres, la médiane plus courte en triangle à pointe aiguë, la subapicale courte et triangulaire; face interne des fémurs noire, mais avec une légère virgule longitudinale bistre atteignant le tiers de ces derniers, face externe avec une fascie jaunâtre en V, apex des fémurs avec une bordure jaune; tibias noirâtres tâches de bistre ventralement et latéralement, tarses noirs, chaque segment de ces derniers plus ou moins bistre à la base. Pattes intermédiaires aux hanches noires avec une macule jaune ‘a l'apex de la face externe, la face interne brunâtre; trochanters noirs avec un croissant jaune sur le bord postéro-externe; fémurs bistre sur la face externe, avec 3 bandes noires longitudinales dont une très courte, leur base et leur apex annelés de jaune, leur face interne jaunâtre; tibias et tarses brun-jaunãtre entâchés de noir à leur extrémité; genoux noirs. Pattes postérieures semblables aux pattes intermédiaires à l'exception des tarses et des tibias légèrement plus clairs.

Abdomen tergites noirs, bordés d'ocre à l'arrière avec une bande tomenteuse sur l'arête médiane des 3 premiers; capsules auditives noires subhémisphériques. Cymbales largement occupées par une vastle plaquette très bombée dans sa partie antérieure; quatre côtes; les deux premières dabord coalescentes puis fusionnées vers le haut, la troisième et la quatrième plus nettement individualisées. Sternites noirs, frangés latéro-postérieurement de bistre, la frange de plus en plus large vers l'apex abdominal. Genitalia très semblables ‘à ceux de montana. Dimensions principales en millimètres de l'holotype

Envergure 37; longueur totale 18,37; longueur de l'avant-corps 7,75; longueur de l'abdomen 9,12; longueur du corps 16,87; longueur Lo de l'homélytre 17, sa plus grande largeur la 7, rapport Lo/ la 2,42; plus grande diagonale de la cellule basale: 1,87; longueur de la cellule radiale 5,37; longueur de la cellule postcostale 5,5; longueur de la tête 1,37; longueur du pronotum 2,37; largeur de la tête, yeux inclus 4,76; lar-geur du mésonotum 4,75; distance entre un oeil composé et l'ocelle le plus proche 0,75; distance entre les ocelles laiéro-postérieurs 0,62.

Aberrations

Chez les spécimens colligés, les aberrations se sont avérées fréquentes, tant au niveau des ailes qu'à celui des cymbales. Aux homélytres, un ♂ est seulement pourvu de 7 cellules apicales, et de façon symétrique; un autre ♂ en porte 9 à gauche; un ♂ possède 7 cellules terminales dans l'aile postérieure droite, pendant qu'un autre n'en compte que 5 dans celle de gauche. Les erreurs de conformation cymbalaires concernent les côtes 1 ♂ a la cymbale droite où se dessine le début d'une côte supplémentaire; 1 d' a les deux cymbales 0ù se dessine le début d'une cinquième côte, celle-ci plus nettement visible à gauche; 1 ♂ a une cymbale où la dernière côte est étirée, amincie en son milieu, tandis que de l'autre côté, la même dernière côte se trouve séparée en deux petites côtes fusiformes.

B. - Premières informations biologiques sur la «Cigalette cerdane»

L'écologie et l'éthologie de Cicadetta cerdaniensis n. sp., que nous proposons d'appeler vernaculairement la «Cigale cerdane››, sont suffisamment remarquables pour que nous en fassions état dès maintenant. Tout d'abord, nous devons préciser que nous reconnaissons cette nouvelle espèce en tant que telle que grâce à nos recherches faunistiques et bioacoustique sur les Cigales de la Faune de France.

Cette espèce est morphologiquement identique à Ctta montana Une trentaine de ♂♂ de Ctta cerdaniensis n. sp. ont pu être observés in natura, et déterminés ainsi, rien qu'à l'écoute de leur cymbalisation prénuptiale, laquelle, tout à fait inattendue, est en tout point différente de celle de son espèce jumelle de référence.

1) Cymbalisation d'appel et carte d'identité sonore

Ctta cerdaniensis n. sp. cymbalise a l'horizontale comme à la verticale. La posture adoptée lors du plein signal d`appel nuptial consiste à cambrer l'abdomen, a relever les ailes en un seul plan tout en laissant les clavus enclanchés dans les rainures mésonoto-homélytrales de coaptation position dite en «ailes de mouche››. Ces traits d'éthologie place Ctta cerdaniensis n. sp. plus près de Cicadivetta tibialis (Panzer, 1798) , récemment observée ( SUEUR et PUISSANT, 2000) que de Cicadetta montana , laquelle cambre moins l'abdomen lors de l'émission pré-nuptiale, tandis que nous n`avons jamais observé de claquements d'aíles accompagnateurs chez la nouvelle espèce.

Malgrè les minimes différences observées sur les cymbales de certains spécimens de Ctta cerdaniensis n. sp. et le fait que ces cymbales soient de conformation très comparable à celles de Ctta montana . la cymbalisation de la nouvelle espèce ne peut être rapprochée des manifestations sonores de montana, ni, d'ailleurs, d'aucune autre espèce de Cigale connue de nous. À dire vrai, le saccadé des émissions sonores de Ctta cerdaniensis n. sp. nous a vaguement rappelé, à l'oreille, la stridulation de l'Orthoptère Platycleis albopunctata (Goeze, 1778) . Mais la cymbalisation de la Cigalette découverte en Cerdagne est plus complexe dans sa structure, comme dans ses rythmes d'action.

L'appel pré-nuptial de Cttacerdaniensis n. sp. est une suite quasi régulière de séquences, dont chacune est constituée de 3 phrases, à savoir ->Première phrase (phl) coups de cymbale(s) séparés par des temps de pause relativement longs;

->Deuxième phrase (ph2) courts modules cymbalaires séparés par des temps de pauses assez longs, chaque module comportant deux propositions, une première (pl), de faible amplitude à fréquence dominante doublement centrée sur 12500Hz et 15800Hz, et une seconde (pz) de plus forte amplitude et à fréquence gagnant continûment les aigüs, jusqu'à près de 18000Hz.

->Troisième phrase (ph3) brefs modules de caractéristique identique à ceux de la première phrase, mais séparés par des temps de pauses beaucoup plus courts.

Une telle cymbalísation pré-nuptiale ( fig. 3 de la planche) n'a guère de mesure commune avec celle, bien connue aujourd'hui, des espèce sœurs déjà connues (cf. Boulard, 1995, p. 55).

2) Éco-éthologie

Ctta cerdaniensis n. sp. se rencontre en juin et juillet dans les régions montagneuses de la Cerdagne. Nous ne connaissons actuellement qu'une seule station de petites dimensions (à peine un hectare), aux environs de 1350 m d'altitude, où elle vit en compagnie de Tettigetta argentata (Olivier, 1790) . Cette station est elle-même divisée en un ensemble de micro-biotopes se différenciant par leur fasciès de végétation. Elle s'inscrit dans un milieu rude, où les conditions climatiques sont difficiles orages violents, fortes pluies et grêles sont fréquents durant les aprèsmidi d'été, alors qu'on peut encore observer çà et 1à des plaques de neiges résiduelles sur les forts reliefs environnants. Les premiers spécimens furent observés dans une lande haute fermée, constituée principalement d'Églantiers. Par la suite, nous pûmes constater que le mâle est peu exigeant quant au support choisi pour l'émission de sa cymbalisation d'appel nuptial. On peut l'observer aussi bien près du sol, à environ 15 cm, dans la strate herbacée (à Trêfles par exemple), qu'à 5-7 m de haut dans des ensembles arbustifs ou arborescents. Les mâles ont paru marquer une préférence pour les épineux ensoleillés Joncs, Églantiers, Ronces. Sur de tels supports, ils se manifestaient, perchés sur une feuille ou agriffés sur une tige, entre les épines.

Le repérage de ces mâles, même cymbalisant, est difficile, et il est encore plus difficile de les capturer. Cette espèce est en effet extrêmement farouche, ne se laissant guère approcher à moins de 5-7 m, laissant supposer que son acuité visuelle est plus performante que celle de beaucoup d'autres Cigales.

Les mâles de Ctta cerdaniensis sont particulièrement mobiles, ne restant que peu de temps sur un même support. Le changement de poste est brusque, le vol est vif et soutenu. Au cours de ce dernier, une cymbalisation rapide, peut être émise, qui est constituée de modules courts et rapprochés dans le temps, assimilables à la troisième phrase d`une séquence d`appel nuptial. Par ailleurs, nous avons été étonnés de constater que les mâles cymbalisent parfois de concert, par petits groupes, constitués de 3 à 5 spécimens restant toutefois relativement distants, exploitant différents biotopes de la station au fur et à mesure que passent les heures de la journée un mâle cymbalisant seul ne tarde guère a être approché par d'autres mâles conspécifiques, lesquels maintiennent entre eux une distance d'au moins 5 mètres. Étant donné la faiblesse en décibels de ieurs emissions sonores, on peut penser que ce comportement, qui peut être qualifié de grégaire, aide au ralliement des femelles sexuellement mûres... que le manque de temps ne nous a pas permis d'observer.

Kingdom

Animalia

Phylum

Arthropoda

Class

Insecta

Order

Hemiptera

Family

Cicadidae

Genus

Cicadetta

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