Ouratea retrorsa Sastre, 2007

Sastre, Claude, 2007, Six nouvelles espèces d’Ouratea (Ochnaceae) des Guyanes, Adansonia (3) 29 (1), pp. 77-91 : 89-91

publication ID

https://doi.org/ 10.5281/zenodo.5187258

persistent identifier

https://treatment.plazi.org/id/137F87CE-7578-B406-85B1-FA19FC75FDDE

treatment provided by

Carolina

scientific name

Ouratea retrorsa Sastre
status

sp. nov.

Ouratea retrorsa Sastre View in CoL , sp. nov.

( Fig. 8 View FIG )

Ab O. miniguianensi Sastre apice laminae retrorso, nervis aliquot visibilibus, inflorescentia curta, 2-3 cm longa (vs 6-17 cm) differt.

TYPUS. — Guyane française. Bassin de l’Approuague , rivière Arataye, Montagne des Nouragues, sommet de l’inselberg, 390 m, 31.III.1992, D. Larpin 1021 (holo-, P; iso-, CAY).

DESCRIPTION

Arbre, 12 m, rameaux glabres. Feuilles subsessiles, pétiole, 3-4 mm de longueur; limbe chartacé, ondulé, elliptique à oblong ou obové, 7-16 × 2,5- 5 cm; apex longuement acuminé, acumen rétrorse se terminant graduellement par une pointe; base atténuée à obtuse; marge subentière, crénelée vers l’apex; nervure principale saillante à la face inférieure, nervures secondaires de deux catégories (comme O. guianensis ), peu visibles à la face supérieure.

Inflorescences terminales non ramifiées, en épis court de 2-3 cm de longueur. Fleurs non vues (à pétales jaunes d’après le collecteur). Fruits à torus conique de 5-6 × 4 mm et à 1 carpide ellipsoïde de 7 × 5-6 mm.

REMARQUES

Ouratea retrorsa diffère d’ O. miniguianensis par son limbe à apex retrorse (et non droit), ses nervures secondaires peu visibles (et non bien visibles) et son inflorescence courte de 2-3 cm de longueur (et non de 6-17 cm de longueur).

Faute de connaître ses fleurs, ses fruits à sépales caducs et son torus à 5 cicatrices correspondant à l’insertion de 5 carpelles laissent supposer que cette espèce se situe dans la section Caducae Sastre.

CONSIDÉRATIONS BIOGÉOGRAPHIQUES

Avec ces six espèces nouvelles, 52 espèces d’ Ouratea sont recensées pour l’ensemble des trois Guyanes. Aucune ne sort de l’aire néotropicale, quatre ont une répartition assez large englobant à la fois le Venezuela et l’Amazonie jusqu’au Mato-Grosso au Brésil. Par contre la majorité de ces espèces, soit 38, ne se rencontrent que dans les Guyanes, avec 12 endémiques du Guyana ( O. bipartita Sastre , O. candelabra Sastre , O. cataractarum Sandwith , O. elongata Sastre , O. fasciculata Maguire & Steyerm. , O. gillyana (Dwyer) Sandwith & Maguire ,

B

O. kanukuensis Sastre , O. maassorum Sastre , O. mazarunensis A.C.Sm.& Dwyer , O. pseudotatei Maguire & Steyerm. , O. rupununiensis Engl. , O. takutuensis Sastre ), deux du Suriname ( O. pseudogigantophylla Sastre et O. sipaliwiniensis Sastre ), six de la Guyane française ( O. francinae Sastre , O. miniguianensis Sastre , O. retrorsa Sastre , O. saulensis Sastre , O. erecta Sastre et O. impressa (Tiegh.) Lemée ; ces deux dernières avec quelques stations situées aux frontières du Brésil, fleuve Oyapock et Tumuc Humac).

Parmi les espèces restantes, huit sont communes avec le Guyana et les états vénézuéliens proches: Delta Amacuro pour les espèces forestières et Bolivar avec ses formations gréseuses pour les espèces savanicoles. Quatre espèces peuvent être qualifiées de côtières avec une aire allant à l’Ouest depuis le Venezuela (Delta Amacuro ou Bolivar avec O. leblondii (Tiegh.) Lemée ) jusqu’au Brésil (Amapa, et même pour O. guianensis Aubl. , jusqu’à l’état de Maranhão).

De fait, on ne note que six espèces «amazoniennes »: O. crenata (Spruce) Tiegh. , O. decagyna Maguire , O. poeppigii Tiegh. , O. riparia Sleumer , O. scottii Sastre et O. sprucei Engl.

Cette pauvreté en espèces amazoniennes confirme les conclusions d’Allorge & Sastre (1991) sur la présence d’un centre de spéciation guyanais et d’une aire géographique guyanaise différente du domaine amazonien. Les milieux divers (inselbergs, massifs gréseux du «Roraima », tous du Précambrien, savanes côtières installées sur des dépôts du Quaternaire, ensembles forestiers sur sols divers (sables, argiles) sont autant d’éléments qui ont favorisé une intense spéciation qui se manifeste particulièrement dans le Guyana avec ses grès et ses granits et par la présence des plus hauts sommets des Guyanes avec le Mt. Roraima (2600 m), situé sur la frontière du Brésil et du Venezuela (État de Bolivar). À ces différences de milieu, s’ajoute une histoire liée aux paléoclimats avec une alternance de périodes sèches et de périodes pluviales, entraînant pendant les périodes sèches une extension des milieux savanicoles et la mise en place de refuges forestiers (favorables à une spéciation de type insulaire), et pendant les périodes humides, une extension du milieu forestier aux dépends des milieux savanicoles, avec la mise en place de refuges. C’est ainsi qu’actuellement les inselbergs des Guyanes sont complètement isolés des savanes côtières, favorisant une spéciation par vicariance de type insulaire attisée par les différents types de substrat, granit, grès, sable côtier détritique ( Sastre 1992, 1994, 2001). Ces isolats historiques, géologiques et pédologiques expliquent que certains groupes taxonomiques dont le genre Ouratea aient pu différencier localement de nombreux taxons spécifiques n’ayant que peu de rapport avec les espèces amazoniennes et faisant des Guyanes une entité biogéographique.

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