Altelatipes falkenhaugae, Crosnier & Vereshchaka, 2008

Crosnier, Alain & Vereshchaka, Alexander, 2008, Altelatipes falkenhaugae n. gen., n. sp. (Crustacea, Decapoda, Benthesicymidae) de la ride médio-atlantique nord, Zoosystema 30 (2), pp. 399-411 : 402-410

publication ID

https://doi.org/ 10.5281/zenodo.5401576

persistent identifier

https://treatment.plazi.org/id/03F33D7D-FFA8-BD52-FCF9-FD10FCF3FB33

treatment provided by

Marcus

scientific name

Altelatipes falkenhaugae
status

sp. nov.

Altelatipes falkenhaugae View in CoL n. sp.

( Figs 1-5 View FIG View FIG View FIG View FIG View FIG ; 6 View FIG A-C; 7A-C)

HOLOTYPE. — Ride médio-atlantique. MAR-ECO Programme, leg 1: super station 14, local station 340, serial number 1051, 53°04’N, 37°17’W, 1478- 665 m, MT, 1 ♀ 29,4 mm ( IMR 2310 View Materials ). GoogleMaps

PARATYPES. — Super station 24, local station 351, serial number 1097, 49°12’N, 29°16’W, 765- 16 m, ÅT, 1 ♀ 29,6 mm ( IMR 10950). — Super station 28, local station 356, serial number 1110, 42°52’N, 28°16’W, 2308- 1475 m, MT, 1 ♂ 19,7 mm ( IMR 15006). — Super station 28, local station 357, serial number 1115, 42°48’N, 28°07’W, 1763- 818 m, ÅT, 1 ♂ 19,8 mm ( IMR 28158). — Super station 30, local station 358, serial number 1118, 42°54’N, 30°41’W, 2283- 1480 m, MT, 1 ♀ 20,3 mm ( IMR 2944 View Materials ). — Super station 36, local station 366, serial number 1147, 41°14’N, 29°45’W, 1795- 780 m, ÅT, 1 ♂ 26,0 ( IMR 27920-1 View Materials ) GoogleMaps ; 1 ♀ 22,3 mm (MNHN-Na 16397).

ÉTYMOLOGIE. — Cette espèce est ainsi nommée en l’honneur du Dr Tone Falkenhaug qui, dans le cadre du programme MAR-ECO, joue un rôle déterminant pour l’analyse des récoltes de crustacés décapodes.

DISTRIBUTION. — Cette espèce n’a encore été trouvée que dans une zone géographique réduite de la ride médio-atlantique, comprise entre 53°04’- 41°14’N et 37°17’- 28°16’W. Les captures ont été faites lors de traits ayant parcouru des profondeurs très diverses, comprises entre 16 et 2308 m. Il apparaît toutefois que cette espèce vit à de grandes profondeurs, tout en faisant des migrations probablement nycthémérales puisqu’on l’a trouvée dans un trait effectué entre 16 et 765 m et dans un autre fait entre 1480 et 2283 m.

Altelatipes falkenhaugae n. gen., n. sp. (Crustacea, Decapoda )

DESCRIPTION

Corps recouvert d’un tégument mou. Carapace 1,3 fois plus longue que haute. Rostre court, ne dépassant pas le niveau du tubercule du pédoncule oculaire, 1,25 fois plus long que haut au niveau du fond de l’orbite, avec des bords supérieur et inférieur formant, dans sa partie distale, un angle d’environ 70° au sommet émoussé; son bord supérieur armé d’une seule dent située juste en avant du niveau du fond de l’orbite. Pas d’épine hépatique, seule une très petite épine branchiostégale, implantée sur le bord antérieur de la carapace et se prolongeant vers l’arrière par une assez courte carène, s’observe. Carènes et sillons nombreux ( Fig. 3A View FIG ): une carène postrostrale, entaillée par les sillons cervical et postcervical s’étend presque jusqu’au bord postérieur de la carapace; une carène longitudinale part de l’apex du lobe antennaire et parcourt toute la carapace avec une sinuosité très faible jusqu’au bord postérieur de la carapace qu’elle atteint vers son milieu; elle est entaillée d’une part par le sillon cervical qui, très net, se prolonge vers le bas et rejoint la carène hépatique, d’autre part par le sillon postcervical qui, également très net, se prolonge vers le bas et se recourbe dans la région hépatique; une carène branchiocardiaque, qui prolonge la carène hépatique, se bifurque dans sa partie antérieure; la branche haute rejoint la longue carène longitudinale, tandis que la basse s’étend parallèlement à cette carène longitudinale. Enfin un sillon borde la carène hépatique, s’étendant vers l’avant jusqu’au lobe antennaire avec une bifurcation menant à l’épine branchiostège; ce sillon s’étend également obliquement vers l’arrière en direction du bord inférieur de la carapace.

Yeux avec un pédoncule assez allongé présentant, un peu au delà du milieu de son bord interne, un gros tubercule conique. Cornée modérément colorée, en très mauvais état chez tous les spécimens récoltés, vraisemblablement un peu plus large que le pédoncule et presque aussi longue que le bord interne ce dernier.

Pédoncule antennulaire avec un article basal sans prosartéma marqué, deux fois plus long que le second, lui-même deux fois plus long que le troisième (mesures prises sur la face supérieure des articles). Stylocérite à bord inférieur légèrement convexe et à bord supérieur d’abord fortement convexe sur un peu moins de sa moitié et formant un lobule allongé puis faiblement convexe et rejoignant le bord inférieur pour former une longue pointe dont l’extrémité se situe aux 2/3 du premier segment du pédoncule antennulaire. Scaphocérite trois fois plus long que large à sa base, à apex arrondi, présentant une épine sur son bord externe située aux 4/5 de sa longueur; largeur du scaphocérite au niveau de l’épine externe égale à 0,6 fois celle de sa base.

Pièces buccales représentées sur les Figures 4 View FIG et 5A View FIG . On remarquera:

– le mérus très élargi des deuxièmes maxillipèdes (L/l = 1,9) se terminant par un grand lobe arrondi dépassant le point d’insertion du carpe et faisant que, lorsque l’ensemble carpe-propode-dactyle est replié, il disparaît derrière le mérus en vue ventrale.

– l’élargissement de l’ischion (L/l = 3,5) et du mérus (L/l = 2,6) des troisièmes maxillipèdes, tandis que le carpe (L/l = 7,8) et le propode (L/l = 9,4), de même longueur, sont grêles. Les troisièmes maxillipèdes atteignent l’extrémité du scaphocérite; la longueur de leur dactyle est presque égale au tiers de celle du propode; aucune différence n’a été observée entre le dactyle des mâles et des femelles.

Les péréiopodes manquent chez presque tous les spécimens. Les premiers ( Fig. 5B View FIG ) ont pu être examinés; ils atteignent les 6/10 du scaphocérite et présentent un ischion et un mérus encore légèrement élargi (L/l = 4,8 pour le mérus). Par ailleurs, dans les bocaux contenant les spécimens, il a été trouvé un deuxième ou troisième péréiopode détaché ( Fig. 5C View FIG ); il est grêle (L/l du mérus un peu supérieur à 15) et nettement plus long que le premier. On peut estimer que ce dernier, placé à côté de lui, ne devait atteindre que les 7/10 de son carpe. Des restes de quatrième ou cinquième péréiopode montrent que leur dactyle est entier.

Abdomen ayant ses deux premiers segments présentant une section transversale arrondie, sans aucune trace de carène dorsale; segments suivants carénés sur toute la partie de leur bord dorsal jamais recouvert par le segment précédent, soit les deux tiers postérieurs environ, à l’exception du sixième, caréné sur presque toute sa longueur. Cinq premiers segments à bord postérieur sans incision dorsale médiane (une faible esquisse parfois sur le troisième) et à pleuron ayant un contour plus ou moins arrondi et sans dent; sixième segment dépourvu de toute dent, à bord inférieur droit sur la plus grande partie de sa longueur. Faces latérales des segments abdominaux présentant un ensemble de sillons et de carènes s’organisant principalement autour des condyles d’articulation des divers segments; les segments les plus marqués sont les deux premiers et les deux derniers comme le montre la Figure 3B View FIG . Le telson ( Fig. 3D View FIG ) est 1,1 fois plus long que le sixième segment, mesuré sur sa face latérale, du condyle d’articulation à l’extrémité du lobe médian du bord latéral postérieur. Ses bords latéraux sont armés de 4 paires de petites épines mobiles. La première est implantée aux 2/3 de la longueur du telson, la troisième aux 9/10; l’espace séparant la première de la deuxième est égal à 1,5 fois celui séparant la première de la troisième; la dernière paire est implantée à l’extrémité du telson et encadre la courte pointe fixe qui s’y trouve.

Pétasma ( Fig. 6A, B View FIG ) ayant le lobule ventrolatéral, armé de cincinnuli, dépassant légèrement le lobule dorsolatéral.

Appendix masculina ( Fig.7A, B) ayant une plaque antérieure dont le bord externe est très sinueux (au lieu d’être convexe), ce qui fait que cette plaque est environ 2,2 fois plus large dans sa partie basale que dans sa partie distale, qui se termine par un bord arrondi; plaque postérieure plus ou moins en forme de parallélépipède oblique, couvrant la moitié de la partie basale la plus large de la plaque antérieure et s’étendant jusqu’aux 4/7 de cette plaque.

Thélycum ( Fig. 3C View FIG ) présentant entre les cinquièmes péréiopodes (sternite XIV) une sorte de coussin rembourré, garni de petites soies, bordé postérieurement par une plaque étroite s’étendant sur toute la largeur du sternite; entre les quatrièmes péréiopodes (sternite XIII) se trouve une plaque en forme de fossé transversal dont le bord postérieur est saillant tandis que, dans sa partie antérieure, s’observe une projection dentiforme relativement pointue dont la face postérieure est légèrement creusée en cuillère.

REMARQUES

Cette espèce est très proche d’ Altelatipes brevirostris ( Kikuchi &Nemoto, 1991) n.comb. De cette dernière espèce nous avons pu examiner le matériel suivant: – Matériel type: Pacifique nord-ouest, RV Kaiyo- Maru, stn E1-18A, 32°21,5’N, 158°06,5’E, 1090-1445 m, chalut pélagique ouvrant et fermant, 24.V.1984, 1 ♂ allotype 26,7 mm (NS- MT-Cr 9825) GoogleMaps ; 1 ♂ paratype 23,6 mm (non 22,5 comme indiqué par Kikuchi & Nemoto 1991) (NSMT-Cr 9826).

– Autre matériel: Pacifique nord-ouest, RV Kaiyo-Maru, stn E1-11A, 32°30,1’N, 157°49,1’E, 700-790 m, chalut pélagique ouvrant et fermant, 20.V.1984, 1 ♂ 17,4 mm (Ocean Research Institute, Univ. Tokyo). — Stn E1-KMT-9, 31°50,2’N, 157°47,7’E, 0-2560 m, midwater trawl, 1.VI.1984, 1 ♂ 16,3 mm (Ocean Research Institute, Univ. Tokyo).

Les deux espèces présentent en particulier des rostres identiques, les mêmes carènes et sillons sur la carapace, les mêmes carènes dorsales sur l’abdomen et des pièces buccales identiques. Altelatipes brevirostris n. comb. se distingue toutefois d’ A. falkenhaugae n. sp. par:

– un pétasma dont le lobule ventrolatéral s’étend bien au delà du lobule dorsolatéral ( Fig. 6D, E View FIG ), au lieu de ne le dépasser que légèrement chez A. falkenhaugae n. sp. ( Fig. 6 View FIG A-C);

– un appendix masculina dont l’écaille antérieure présente un bord externe à peine sinueux ( Fig. 7D, E), alors qu’il l’est très fortement chez A. falkenhaugae n. sp. ( Fig. 7A, C).

En se basant sur le dessin de l’abdomen publié par Kikuchi & Nemoto (1991: fig. 11c), l’abdomen d’ A. brevirostris serait proportionnellement nettement plus long que celui d’ A. falkenhaugae n. sp. (2,5 fois plus long que le cinquième, au lieu de 2,0) et plus grêle (rapport longueur/ largeur égal à 2,4 chez A. brevirostris n. comb., au lieu de 2,05 chez A. falkenhaugae n. sp.). Ce caractère n’a pas été observé chez les quatre spécimens d’ A. brevirostris n. comb. que nous avons pu examiner et il ne semble pas, en fait, devoir être retenu.

Quant à Altelatipes carinatus ( Smith, 1884) n. comb, il se distingue facilement d’ A. falkenhaugae n. sp par:

– son rostre toujours sans dent, proportionnellement moins haut et plus long (rapport longueur du rostre mesurée à partir du creux de l’orbite / plus grande hauteur compris entre 1,6 et 1,9 au lieu de 0,8 chez A. falkenhaugae n. sp.), atteignant le niveau de la base de la cornée (au lieu de s’arrêter au niveau du tubercule conique du pédoncule oculaire);

– son sillon postcervical court et ne rejoignant pas la région hépatique;

– son appendix masculina dont l’écaille antérieure a son bord externe convexe sur toute sa longueur (au lieu d’être très sinueux), tandis que sa plaque postérieure est en forme de bâtonnet (au lieu d’être plus ou moins en forme de parallélépipède oblique).

On remarquera que les différentes descriptions d’ A. carinatus n. comb. ne sont pas toujours bien cohérentes entre elles. La description originale faite par Smith (1884: 396, figs 6, 7, Benthesicymus ? carinatus ), d’après une seule femelle en mauvais état, est succincte. Celle d’Alcock (1901: 46, Gennadas carinatus ), faite également d’après un seul spécimen, n’est guère plus explicite.Alcock mentionne toutefois que le telson est aussi long que les uropodes internes, ce qui n’est pas ce que nous avons observé – les uropodes internes dépassant nettement le telson. Kemp (1910: 179, pl. 14, figs 4-9, Gennadas carinatus ) mentionne « The telson is much longer than in other species of Gennadas , being only a little shorter than the outer uropod »; ceci ne correspond pas à ce que nous avons observé, le telson étant alors nettement plus court que les uropodes externes. Sund (1920: 30, fig. 49, Benthesicymus ? carinatus ) n’a disposé à nouveau que d’un spécimen « very mutilated »; il représente un Mxp2 dont le carpe est beaucoup plus long que celui que nous avons observé. Kensley (1977: 22, figs 4, 5, Benthesicymus expansus ) figure un rostre différent de ceux que nous avons observés, beaucoup plus allongé et à bord supérieur peu convexe; un réexamen du spécimen nous a montré qu’il s’agissait d’une erreur. Burkenroad enfin (1936: 46) a rattaché à A. carinatus n. comb. un spécimen dont la carapace mesure 38 mm, dont il ne donne aucune figure et qui présente des caractères tellement en contradiction avec ce que nous savons d’ A. carinatus n. comb. que l’on peut se demander si l’identification faite par Burkenroad est exacte. En effet ce spécimen n’a pas de carène dorsale sur le troisième segment abdominal, présente des mérus de maxilipèdes et de péréiopodes non élargis et un pétasma dont le lobule ventrolatéral est en retrait par rapport au lobule dorsolatéral.

Il est vraisemblable que bon nombre des différences relevées proviennent d’erreurs d’observation faites aisément sur des spécimens le plus souvent en très mauvais état. Il n’en demeure pas moins qu’un réexamen des spécimens identifiés à A. carinatus n. comb., encore existant, réserverait peut-être quelques surprises.

MT

Mus. Tinro, Vladyvostok

IMR

Norwegian Institute of Marine Research

RV

Collection of Leptospira Strains

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