Teleosauroidea

Brignon, Arnaud, 2023, Les vertébrés du Kimméridgien supérieur de Fumel (Lot-et-Garonne, France) dans la collection Jacques-Ludomir Combes (1824 - 1892), Geodiversitas 45 (2), pp. 55-126 : 96-98

publication ID

https://doi.org/ 10.5252/geodiversitas2023v45a2

publication LSID

urn:lsid:zoobank.org:pub:DB481D61-FD53-4E94-B880-D6B9BD881BDF

DOI

https://doi.org/10.5281/zenodo.7697053

persistent identifier

https://treatment.plazi.org/id/03CA87F1-B42F-A068-AF1C-FDCCFD63FD0C

treatment provided by

Felipe

scientific name

Teleosauroidea
status

 

Teleosauroidea

Sauvage mentionnait des vertèbres de Steneosaurus sp. dans la collection Combes. Longtemps utilisé comme genre « fourretout», le statut taxonomique de Steneosaurus Geoffroy SaintHilaire, 1825 a récemment fait l’objet de discussions ( Johnson et al. 2020a; Hua et al. 2021). Une vertèbre cervicale figurée par Sauvage est typique des Teleosauroidea même si une assignation au niveau générique reste délicate ( Fig. 27 View FIG F-G). Elle est caractérisée par un centrum allongé (indice de longueur vertébrale = 1,56) présentant une forte constriction. La face ventrale et les parties inférieures des faces latérales laissent apparaître une surface osseuse rugueuse formant des crénulations près des faces articulaires. Cette vertèbre n’a pas été retrouvée mais deux autres vertèbres cervicales de Teleosauroidea assez similaires sont toujours conservées dans les collections du MBA ( Fig. 27 View FIG A-C, H-J). Les faces articulaires sont preque circulaires pour l’une d’elle ( Fig. 27B View FIG ) ou légèrement ovales pour l’autre ( Fig. 27I View FIG ). Leurs bordures supérieures, sous le canal neural, sont aplaties. Une vertèbre sacrée, assignée au genre Steneosaurus par Sauvage, d’après l’étiquette qui l’accompagne, a également été retrouvée ( Fig. 27 View FIG D-E). Seule la portion proximale d’une de ces côtes sacrées est conservée. Un groupe de trois vertèbres dorsales en connexion anatomique est également présent dans la collection Combes ( Fig. 27 View FIG K-P). D’après leurs dimensions, ces vertèbres correspondent sans aucun doute aux « dorsales moyennes » de « Steneosaurus sp. » mentionnées et brièvement décrites par Sauvage (1902b: 28) dans ses « Recherches sur les vertébrés du Kimméridgien supérieur de Fumel ». Elles sont inventoriées dans le catalogue de Dombrowski sous le numéro 13 ( Annexe 2) et étaient identifiées par Combes comme des « vertèbres de reptile dinosaurien ».

Les caractéristiques de la vertèbre figurée par Sauvage ( Fig. 27 View FIG F-G) et celles retrouvées dans les collections du MBA ( Fig. 27 View FIG A-E, 27H-P) sont proches de celles des vertèbres de certains Teleosauroidea du Kimméridgien supérieur de France, de Suisse et d’Allemagne comme par exemple Proexochokefalos cf. bouchardi ( Sauvage, 1872) et Sericodon jugleri Meyer, 1845 ( Selenka 1867: pl. 9, fig. 9-11; Tribolet 1873; Sauvage 1874; Huene 1926; Karl et al. 2008; Schaefer et al. 2018; Johnson et al. 2020b). Une attribution générique, et a fortiori spécifique, de vertèbres isolées, de surcroît incomplètes, restant incertaine, l’ensemble de ces spécimens ( Fig. 27 View FIG A-P) sont attribués ici à des Teleosauroidea indet. Sauvage mentionnait également dans la collection Combes une « extrémité distale de radius » et une « partie proximale du fémur à la tête aplatie » qu’il rapportait à « Steneosaurus sp. ». D’après l’étiquette de la main de Sauvage qui l’accompagne, le prétendu radius de « Steneosaurus » sp. semble correspondre au spécimen MBA Paléo.13.26 (n° 36 de l’inventaire Dombrowski et n° 368 de l’inventaire Sauvage) qui est toujours conservé dans la collection Combes. Cette dernière possède des lots de dents isolées (MBA Paléo.9.26, 13.24, 15.56) dont certaines ( Fig. 29I View FIG ) peuvent se rapporter à des Teleosauroidea indet. par leurs stries apico-basales et leur forme élancée ( Huene 1926). Un ostéoderme de Teleosauroidea a également été retrouvé dans la collection Combes ( Fig. 29 View FIG D-F).

Sauvage (1902b) rapporta 2 dents ( Fig.28 View FIG N-O), un fragment de « maxillaire supérieur », 6 vertèbres dorsales ( Fig. 28 View FIG L-M), une vertèbre « lombaire », une vertèbre caudale incomplète et des côtes à Machimosaurus hugii Meyer, 1837 . Le genre Madrimosaurus [sic] et son espèce type Madrimosaurus hugii ont été introduits de manière valide par Hermann von Meyer à partir de dents du Kimméridgien supérieur de Soleure en Suisse et de Kahlenberg, près de Hanovre, en Allemagne. Meyer faisait en outre référence à une figure de l’une d’elles publiée par Römer (1836: pl. 12, fig. 19). Dans une lettre publiée un an plus tard, Meyer (1838) corrigea l’orthographe du genre en Machimosaurus invoquant une erreur de transcription faite à partir de son manuscrit original. Dès lors cette orthographe s’imposa dans la littérature. Cette correction ne vérifie cependant pas l’article 32.5.1.1 du CINZ (ICZN 1999) car elle n’intervient pas dans le même volume que celui dans lequel a été publié le nom pour la première fois. Néanmoins l’article 33.2.3.1 du CINZ stipule: « si une émendation qui était injustifiée est en usage prédominant et attribuée à l’auteur original avec la date correspondante [c’est-à-dire Meyer, 1837], elle est censée être une émendation justifiée». En vertu de cet article, l’orthographe Machimosaurus peut donc être considérée comme correcte.

Plusieurs autres espèces furent ensuite rattachées au genre Machimosaurus ( Sauvage 1874; Sauvage & Liénard 1879) sur la base de matériel trouvé dans Jurassique français. Dans ses travaux, Krebs (1967, 1968) ne retint comme valide que l’espèce type Machimosaurus hugii à laquelle furent également rapportés des spécimens de l’Oxfordien supérieur de la Meuse ( Maubeuge 1963, 1968; Hua 1996), du Kimméridgien inférieur de l’Ain ( Buffetaut 1982a) et de Normandie ( Buffetaut 1982b; Lepage et al. 2008). Plus tard, l’espèce Machimosaurus mosae du Kimméridgien supérieur fut rétablie ( Hua et al. 1993; Hua 1999; Vignaud 1995; Pierce et al. 2009; Young et al. 2014a). Il convient ici de faire quelques remarques sur la paternité de ce nom qui n’est pas mentionnée correctement dans la littérature. Liénard avait proposé en 1876 ce nom d’espèce dans un manuscrit resté inédit avec la combinaison Teleosaurus mosae . Ne vérifiant pas les dispositions du CINZ, Teleosaurus mosae Liénard, 1876 est un nomen nudum. Comme il l’a été noté par Young et al. (2014a) et admis parMartin et al. (2015), Machimosaurus mosae a été en revanche introduite de manière valide au regard du CINZ dans la publication de Sauvage & Liénard (1879). Dans le titre de la deuxième partie de ce travail consacrée à la description de l’espèce, sa paternité est en revanche clairement attribuée à Liénard ( Sauvage & Liénard 1879: 11) vérifiant ainsi la recommandation 50A du CINZ. En vertu de l’article 50.1, alinéa 50.1.3, et de la recommandation 51E du CINZ, cette espèce doit être mentionnée en conséquence comme Machimosaurus mosae Liénard in Sauvage & Liénard, 1879. Une troisième espèce européenne, Machimosaurus buffetauti , a été introduite par Young et al. (2014a; Foffa et al. 2015) alors que Martin et al. considèrent le genre Machimosaurus monospécifique et limité à son espèce type ( Martin & Vincent 2013; Martin et al. 2015). Les spécimens rapportés à M. buffetauti par Young et al. (2015) proviennent du Kimméridgien inférieur alors que les spécimens de M. hugii et M. mosae ont été découverts dans le Kimméridgien supérieur et seraient contemporaines. Il est à noter que M.mosae a été signalé dans le Kimméridgien supérieur de Gigouzac, près de Cahors (Lot) ( Hantzpergue et al. 1982; Vignaud 1995; Hua 1999).

La présence du genre Machimosaurus dans la faune de Fumel est attestée par les deux dents de la collection Combes figurées par Sauvage ( Fig. 28 View FIG N-O) qui sont bien représentatives du genre. Elles sont robustes, légèrement recourbées et de section circulaire. L’apex est obtus et émoussé. L’ornementation se compose de fines côtes longitudinales assez serrées et tortueuses. Vers l’apex les côtes deviennent plus irrégulières et onduleuses pour finalement se décomposer en un réseau granuleux, ce qui donne à la région apicale un aspect chagriné ( Krebs 1967, 1968; Buffetaut 1982a; Vignaud 1997; Young et al. 2014b). Une des dents fait apparaître une côte renforcée esquissant une légère carène ( Fig. 28O View FIG ). Ces deux dents semblent aujourd’hui perdues mais une dent de la collection Combes attribuable à ce genre a pu être retrouvée ( Fig. 28 View FIG I-K). Rapportée à Machimosaurus hugii par Sauvage comme l’atteste l’étiquette de sa main, elle avait été identifiée comme une dent d’ichtyosaure par Combes.

Parmi les autres restes de Thalattosuchia attribués à Machimosaurus hugii par Sauvage, se trouvait une vertèbre dorsale ( Fig. 28 View FIG L-M). Son centrum est nettement aplati au niveau du canal neural. La neurapophyse possède une hauteur plus importante que celle du centrum et son bord dorsal s’élargit. Les prézygapophyses sont robustes. En vue latérale, le bord ventral est nettement concave. Cette vertèbre rappelle une première dorsale rapportée à Machimosaurus mosae du Kimméridgien supérieur du Boulonnais par Hua (1999: pl. 3, fig. 4-5). Elle est également proportionnellement moins allongée que les vertèbres dorsales de Machimosaurus hugii du Kimméridgien du Portugal décrites par Krebs (1967, 1968). D’après l’étiquette collée sur le spécimen, visible sur la figure de Sauvage, Combes rapportait cette vertèbre avec doute à un «mégalosaure», dinosaure théropode du Bathonien anglais décrit par Buckland (1824). Ce spécimen n’a pas été retrouvé mais un fragment de vertèbre sacrée est présent dans la collection Combes et porte le numéro 12 dans le catalogue de Dombrowski ( Annexe 2) ( Fig. 28 View FIG F-H). Seule la bordure dorsale du centrum, le canal neural, la base de la neurapophyse et une portion d’une des côtes sacrées sont visibles. Malgré son mauvais état de conservation, sa morphologie est compatible avec les vertèbres sacrées du genre Machimosaurus ( Sauvage & Liénard 1879: pl. 22; Hua et al. 1993; Vadet et al. 1997: 62; Hua 1999: pl. 3). L’absence d’éléments crâniens diagnostiques rend hasardeux une assignation spécifique de l’ensemble de ce matériel qui est rapporté ici à Machimosaurus sp.

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Departamento de Geologia, Universidad de Chile

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