Cancellaria spinosa Grateloup, 1827

Cahuzac, Bruno, Lesport, Jean-François & Lagarde, Lucien, 2004, Révision des Cancellariidae (Mollusca, Gastropoda) décrites par Grateloup (1827 - 1847) dans le Miocène des Landes (SW France), Geodiversitas 26 (2), pp. 207-261 : 215-219

publication ID

https://doi.org/ 10.5281/zenodo.5375970

persistent identifier

https://treatment.plazi.org/id/038A8636-FFBD-FFE4-FCE9-3024F1615785

treatment provided by

Marcus

scientific name

Cancellaria spinosa Grateloup, 1827
status

 

Cancellaria spinosa Grateloup, 1827 View in CoL

Cancellaria Spinosa Grateloup, 1827: 21 View in CoL , n° 23.

REMARQUES

Cette espèce créée en 1827 n’a été ni reprise dans le Tableau ( Grateloup 1832), ou dans l’ Atlas ( Grateloup 1847) , ni même citée en synonymie d’une quelconque autre espèce.

Sur l’échantillon figuré en 1847 ( Grateloup 1847: pl. 25, fig. 15) sous le nom Cancellaria spinifera Grateloup, 1832 , est inscrite au crayon sur la columelle la mention « subspinosa », ainsi que le chiffre « 71 ». Il a été retrouvé dans la collection une étiquette portant les inscriptions (à l’encre): « Cancellaria spinosa Grateloup foss. St. Jean Marsac », avec au crayon à papier les ajouts du préfixe « sub » avant spinosa , du « n° 71 » et de la localité « Saubrigues » ( Fig. 2 View FIG ). Il existe aussi une autre étiquette qui mentionne: « C. spinifera nobis olim C. subspinosa ». Cela montre que dans l’esprit de Grateloup, C. spinifera et C. subspinosa étaient synonymes.

On peut donc également penser que pour l’auteur, spinosa et subspinosa étaient synonymes (rajout de « sub » sur l’étiquette écrite de sa main). Il existe même une troisième étiquette indiquant « C. spinosissima » (mss). Dans le Tableau ( Grateloup 1832), Grateloup précise bien à propos de C. spinifera (p. 342, n° 373): « non Cancellaria spinulosa Brocc. ». Il aurait donc changé le nom ( Cancellaria spinosa Grateloup, 1827 ) de son fossile pour éviter une trop grande ressemblance avec l’appellation déjà donnée par Brocchi (1814), le terme spinulosa n’étant que le diminutif de spinosa du temps de Grateloup. Il aurait d’abord adopté le terme subspinosa (inscrit sur la coquille), puis renommé son C. subspinosa (mss) en C. spinifera (en 1832).

De plus, la très grande ressemblance des diagnoses latines de C. spinosa et C. spinifera , la similitude des gisements et la signification très voisine des deux dénominations viennent étayer le rapprochement de ces espèces ( spinosa = épineux;

A

B

C

D

spinifera = qui porte des épines). Par ailleurs, les dimensions indiquées par l’auteur pour ces deux espèces, respectivement en 1827 et en 1832, sont exactement identiques (Longueur: 1 pouce; diamètre: 9 lignes).

Or, le nom C. spinifera est d’un usage courant très répandu in litteris depuis 1850 environ, à l’inverse de la dénomination C. spinosa . Mais si l’on voulait considérer C. spinosa comme un nomen oblitum et conserver C. spinifera, le Code stipule que deux conditions doivent être réunies ( ICZN 1999: article 23.9, Inversion de préséance). La première (ne pas être employé comme nom valide après 1899) est largement remplie, puisque le nom spinosa n’a jamais, à notre connaissance, été repris « comme nom valide » depuis la description de Grateloup en 1827. Par contre, malgré les nombreuses citations de C. spinifera trouvées in litteris depuis 1850, nous n’avons pas pu satisfaire à la deuxième condition du Code (réunir 25 références, d’au moins 10 auteurs, au cours des derniers 50 ans, et couvrant une période d’au moins 10 ans). Nous nous voyons donc dans l’obligation de restaurer pour cette espèce son nom original, Cancellaria spinosa Grateloup, 1827 .

PROVENANCES D’ APRÈS GRATELOUP

– en 1827 et 1832: faluns argilo-violacés ou bleus de Saint-Jean-de-Marsacq,

– en 1847: Saubrigues, faluns bleus.

L’âge serait donc Burdigalien supérieur (pour Saint-Jean-de-Marsacq) et/ou Langhien (pour Saubrigues).

Du fait que nous mettons ici en synonymie Cancellaria spinifera et C. spinosa , nous considérons comme série type de C. spinosa les neuf spécimens retrouvés dans la collection et qui étaient peut-être (probablement) accompagnés à l’origine d’abord de l’étiquette « C. spinosa », puis de l’étiquette « C. spinifera ». Ces neuf spécimens constituent aussi par ailleurs la série type de C. spinifera (cf. infra). Parmi eux, nous désignons comme lectotype de C. spinifera le spécimen figuré sous ce nom sur la pl. 25, fig. 15 de Grateloup (1847) (cf. infra) (n° tyfipal: 65-2- 74; Fig. 3 A-D) (H = 27,3 mm). Nous désignons aussi ce même spécimen comme lectotype de C. spinosa (il porte la mention manuscrite « subspinosa » sur sa columelle). Ce spécimen étant désigné dans ce travail comme lectotype des deux espèces C. spinosa et C. spinifera , celles-ci deviennent donc des synonymes objectifs (conformément à notre argumentaire ci-dessus et vraisemblablement aussi à la pensée de Grateloup). Après observation des neuf spécimens présents, nous confirmons la provenance très probable des marnes de la région de Saint-Jeande-Marsacq.

Parmi les caractères de variabilité de l’espèce, on peut noter que le canal siphonal antérieur – et le bord columellaire de l’ouverture – sont, selon les individus, plus ou moins tournés « vers la droite », dans un sens abaxial, par rapport à l’axe de la coquille (comparer Figure 3B et E); par ailleurs, il existe un cordon, parfois dédoublé, sur le plafond de l’ouverture au-dessus de l’angle latéro-postérieur de celle-ci.

DÉNOMINATION ACTUELLE: SCALPTIA (S.L.) SPINOSA ( GRATELOUP, 1827)

Statut précédent (avant la présente révision)

Figuré (et syntype) de Cancellaria spinifera Grateloup, 1832 .

Statut actuel du spécimen désigné ici

Lectotype de Cancellaria spinosa Grateloup, 1827 . Les huit autres exemplaires sont des paralectotypes de Cancellaria spinosa .

Attribution générique

Ce taxon est ici inclus dans le genre Scalptia Jousseaume, 1887b (espèce type: Cancellaria obliquata Lamarck, 1822 ). Le genre Scalptia est caractérisé notamment par l’existence de trois plis (ou dents) sur la columelle. Nous rapportons les spécimens de l’espèce spinosa au genre Scalptia au sens large, bien que sur leur columelle (qui porte trois plis) le troisième, le plus antérieur, ne soit pas complètement individualisé et ait tendance à se confondre avec le pli de torsion columellaire. Ces spécimens montrent une ouverture cordiforme subtrigone et un ombilic ouvert de taille moyenne, comme chez Scalptia . Nous avons par ailleurs observé des exemplaires issus des « marnes de Saubrigues » où le troisième pli columellaire (antérieur) est un peu mieux individualisé ( Fig. 3G; coll. Cossmann).

Dans les spécimens examinés de l’espèce S. (s.l.) spinosa , on peut parfois observer un quatrième pli plus réduit, sur la partie postérieure de la columelle, au-dessus du pli principal et parallèle à ce dernier; c’est le cas pour le lectotype de cette espèce ( Fig. 3D).

Nous refigurons ici le lectotype de S. (s.l.) spinosa (synonyme plus ancien de S. (s.l.) spinifera ) de la collection Grateloup ( Fig. 3 A-D), ainsi qu’un des paralectotypes ( Fig. 3 H-J). Nous figurons aussi un spécimen de la collection Neuville provenant du Langhien de Saubrigues, dont la coquille cassée longitudinalement permet de bien observer les deux plis columellaires principaux ( Fig. 3K).

L’espèce spinosa ressemble beaucoup à « Murex » scala Gmelin, 1791 (synonyme subjectif de Trigonaphera withrowi Petit, 1976 ), espèce attribuée par les auteurs au genre Scalptia (voir Petit & Harasewych 1990). Ces ressemblances portent sur le galbe, l’étagement des tours, l’ouverture cordiforme subtrigone, l’ombilic profond mais moyennement évasé, le fait que le canal antérieur soit dévié abaxialement et la présence de trois plis (ou dents) columellaires. Chez S. (s.l.) spinosa (ainsi que chez S. scala ), les trois plis ne sont pas parallèles entre eux; le pli postérieur est plus fort et subperpendiculaire à l’axe de la coquille, alors que les deux autres plis plus antérieurs sont nettement obliques par rapport à cet axe.

En revanche, dans l’espèce type du genre Scalptia ( Cancellaria obliquata Lamarck, 1822 ), les plis columellaires n’ont pas la même orientation ni la même taille que chez S. scala : les deux plis postérieurs sont subégaux, subparallèles entre eux et obliques par rapport à la columelle; le troisième pli (antérieur) est plus petit, aigu, et se confond avec la torsion columellaire.

Donc, il semble que les espèces spinosa et scala appartiennent à un même groupe générique (assez proche morphologiquement de Scalptia s.s. par la forme du galbe), qui ne paraît pas encore avoir été parfaitement défini, et sans doute différent de celui de S. obliquata . Nous maintenons une attribution de spinosa au genre Scalptia s.l., dans l’attente d’une nécessaire révision de ce dernier.

Il y a aussi quelques ressemblances avec le genre Bivetopsia Jousseaume, 1887b (espèce type: Cancellaria chrysostoma Sowerby I, 1832 ), notamment l’aspect et l’orientation des trois plis columellaires. Mais de nombreux caractères semblent éloigner notre espèce de ce genre, comme l’étagement des tours qui est différent et la forme de l’ouverture (subtrigone chez spinosa ; ovale chez Bivetopsia ); de plus, chez spinosa , la carène circaombilicale ne forme pas de bourrelet un peu détaché de la base du tour, comme c’est le cas chez Bivetopsia .

L’espèce spinosa View in CoL (synonyme de spinifera View in CoL ) avait été attribuée au genre Trigonostoma View in CoL par Jousseaume (1887b), Peyrot (1928), Davoli (1982). Il est vrai que par les caractères des dents columellaires, elle se rapproche de ce genre, qui possède aussi trois dents, dont l’antérieure est également plus faible. Toutefois, le genre Trigonostoma View in CoL (notamment l’espèce type Delphinula trigonostoma Lamarck, 1822 ) montre des différences notables avec l’espèce spinosa View in CoL – comme une spire très scalariforme, une ouverture triangulaire et un ombilic beaucoup plus évasé –; par suite, ces caractères nous semblent ne pas pouvoir autoriser le classement de l’espèce spinosa View in CoL dans le genre Trigonostoma View in CoL s.s. En revanche, les caractères observés sur l’espèce spinosa View in CoL justifient à nos yeux le rattachement de celle-ci au genre Scalptia View in CoL s.l.

Le genre Scalptia View in CoL s.s. est essentiellement connu par des formes actuelles. Quelques espèces fossiles du Miocène (telles que spinosa View in CoL ) présentent des ressemblances assez fortes avec ce genre, sans en posséder la totalité des caractères, et il n’est donc pas assuré que ces formes miocènes (notamment d’Aquitaine) soient phylétiquement liées à l’espèce type actuelle Scalptia obliquata View in CoL ou aux taxons proches rattachés à Scalptia View in CoL s.s. Par contre, on peut émettre l’hypothèse qu’une lignée (atlantique) ait pu se développer depuis S. (s.l.) spinosa View in CoL vers l’espèce actuelle S. (s.l.) scala View in CoL (synonyme de withrowi View in CoL ) vivant en Afrique de l’Ouest. Notons que plusieurs autres espèces de gastéropodes ou de bivalves du Miocène d’Aquitaine ont des descendants très proches au sein des faunes actuelles d’Afrique de l’Ouest (e.g., Chavanon et al. 1977; Lozouet & Gourgues 1995).

ESPÈCE DÉCRITE DANS LE TABLEAU ( GRATELOUP 1832) ET NON REPRISE DANS L’ ATLAS ( GRATELOUP 1847)

Kingdom

Animalia

Phylum

Mollusca

Class

Gastropoda

Order

Neogastropoda

Family

Cancellariidae

Genus

Cancellaria

Loc

Cancellaria spinosa Grateloup, 1827

Cahuzac, Bruno, Lesport, Jean-François & Lagarde, Lucien 2004
2004
Loc

Cancellaria Spinosa Grateloup, 1827: 21

GRATELOUP J. - P. S. 1827: 21
1827
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